Unilever est vraiment une entreprise visionnaire : elle
affirme « voir la pauvreté revenir » en Europe. Et elle se prépare en
conséquence.
Comment ? En vendant davantage de produits moins chers
car conditionnés en plus petits formats. Jan Zijderveld, responsable d’Unilever
Europe, explique ainsi : « Si un Espagnol ne dépense plus en
moyenne que 17 euros quand il fait les courses, je ne vais pas lui proposer un
paquet de lessive qui coûte la moitié de son budget. » Apparemment,
l’entreprise reproduirait ainsi en Europe une stratégie qui semble avoir fait
ses preuves dans les pays émergents ; le même nous apprend en effet que « en Indonésie, [ils vendent] des échantillons individuels de shampoing
pour 2 à 3 centimes pièce et pourtant [ils gagnent] de l’argent.
« Pourtant » ?
Pourquoi « pourtant » ? Jusqu’à preuve du contraire, quand on
vend des produits conditionnés en plus petit format, ils sont plus chers au
kilo. Or, même si une réduction de ses revenus peut pousser une famille à faire
attention à ce qu’ils achètent, à ce qu’ils mangent, à la manière dont ils
vivent etc., il lui faudra tout de même manger à peu près la même quantité de
nourriture, se laver autant et faire à peu près autant de lessives dans l’année.
Par conséquent, vendre à une famille pauvre une petite quantité de lessive,
moins chère en absolu mais plus chère au kilo, c’est la pousser à avoir dépensé
davantage en lessive à la fin de l’année. En gros, Unilever espère mettre à
profit le retour de la pauvreté pour gagner plus d’argent, et sur le dos des
plus pauvres.
En
outre, il y a quelque chose de choquant à voir une entreprise qui se veut un
parangon de vertu en matière d’écologie promouvoir des programmes qui,
forcément, multiplient la quantité d’emballages produite.
Bref, on
a ici à la fois une belle illustration du greenwashing et une belle preuve de
cynisme maquillée par une communication habile. Rien que de très normal, car c’est
par de tels coups qu’on réussit dans l’économie capitaliste.
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