lundi 30 juillet 2012

Avortement : le débat mal posé

Après Hollande et la rafle du Vel’ d’Hiv, les ministres espagnols nous offrent notre seconde grande polémique de l’été, cette fois-ci à propos de l’avortement. Sujet immanquable, inratable, l’empoignade est assurée. Comme dirait Calvin : aucun problème n’est résolu, mais on s’amuse.

Évidemment, toute la question est de savoir si on veut avancer dans la résolution du problème, ou si on cherche seulement à tromper l’ennui de ceux (ils sont bizarres, mais ils existent) qui ne trouvent rien à faire pendant leurs vacances d’été. Sur ce sujet, il semble tellement impossible de discuter sereinement qu’on serait tenté d’opter pour la seconde hypothèse. Pour ceux qui pencheraient du côté de la première, cela dit, je trouve frappant à quel point le débat est mal posé, ce qui le rend, dans l’état actuel des choses, impossibles à résoudre.

Quand on bavarde avec les partisans ou les adversaires de l’avortement, on s’aperçoit en effet qu’ils ne parlent pas du tout de la même chose. Les premiers parlent du « droit de la femme à disposer de son corps », les seconds parlent du « respect de la vie ». Ce sont deux thèmes complètement distincts.

C’est très intéressant : les partisans de l’avortement ne sont pas, par ailleurs, des gens qui n’ont aucun respect pour la vie humaine ; ils ne militent pas systématiquement pour le rétablissement de la peine de mort ou la militarisation à outrance. Inversement, les adversaires de l’avortement ne sont pas automatiquement des ennemis de la femme ; ils ne considèrent pas tous que les femmes devraient rester à la maison ou gagner moins que leurs maris. Il est donc clair que, alors que tous s’imaginent parler de l’avortement, ils parlent en fait tous d’autre chose. On est typiquement dans un dialogue de sourds ; normal que personne ne s’entende (si tant est qu’ils cherchent à s’entendre).

Or, il est assez simple de poser les bonnes questions, à défaut de pouvoir les résoudre. Il suffit en fait de mettre clairement sur la table les positions implicites des uns et des autres, sous-jacentes à leurs revendications.

La position implicite (ou parfois explicite, mais jamais étayée ou argumentée) des adversaires de l’avortement, c’est que dès la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde, l’œuf est un être humain à part entière, et dispose donc exactement des mêmes droits que tous les autres êtres humains, en particulier le droit au respect de sa vie. La position implicite des partisans de l’avortement, c’est que tant qu’il se trouve à l’intérieur du corps de sa mère, l’embryon ou le fœtus en développement n’est pas un être vivant à part entière, mais une partie du corps de sa mère, et n’a donc pas de droits propres.

Ces deux positions sont bien difficiles à tenir.

La première, parce qu’il n’y a pas grand-chose de commun entre un ovule fécondé et un être humain formé. Bien sûr, il y a le patrimoine génétique ; mais est-ce vraiment ce qui définit le mieux l’humanité ? Un avenir humain, est-ce déjà l’humanité ? L’humanité ne réside-t-elle pas davantage dans l’accomplissement de ses capacités que dans les gènes qui en sont à l’origine ? D’ailleurs, il ne s’agit que d’un avenir possible, et tout ovule fécondé ne peut pas donner un être humain : beaucoup meurent naturellement et n’aboutissent jamais au développement d’un enfant.

La seconde, parce qu’on ne peut pas raisonnablement faire de la naissance le moment où un être devient humain. Le fœtus est potentiellement autonome bien avant ce terme, et deux semaines avant la naissance, il n’est pas extrêmement différent de ce qu’il sera deux semaines après.

Il est donc clair qu’à un moment de la grossesse, moment qui n’est ni la fécondation, ni la naissance, ce qui se trouve dans le ventre de la femme devient un être humain. Bien sûr, tracer une ligne serait peut-être réducteur et simplificateur. Il se pourrait bien que le fœtus devienne progressivement un être humain, qui plus est selon des rythmes différents selon les individus, et qu’il soit donc impossible de tracer une ligne de démarcation claire et unique entre un avant et un après l’acquisition de la nature humaine.

Mais le contraire pourrait aussi être possible, après tout ; et surtout, la loi peut difficilement s’accommoder de nuances aussi subtiles. Il est donc absolument nécessaire de tracer cette ligne, de dire à partir de quel moment l’embryon devient un être humain à part entière, et dispose donc de droits qui peuvent éventuellement entrer en conflit avec ceux de ses parents.

Pour moi, cette ligne est le début du fonctionnement du système nerveux central, parce qu’il me semble que l’activité du cerveau est ce qui est le plus constitutif de notre humanité. De mon point de vue de croyant, je dirais que le début du fonctionnement du système nerveux central est le moment où Dieu insuffle l’âme dans le corps en développement ; mais on peut très bien tracer exactement la même ligne à partir d’un raisonnement parfaitement athée. On peut aussi tracer une autre ligne, tant qu’on pose des arguments en sa faveur.

Qu’est-ce que cela peut donner socialement et juridiquement ? Avant ce point de basculement (c’est-à-dire entre la 10e et la 14e semaine d’aménorrhées), les parents sont, moralement, absolument libres de faire ce qu’ils veulent de l’embryon, puisqu’il ne s’agit ni d’un être humain, ni d’un être vivant indépendant, et qu’il ne dispose donc d’aucun droit. L’avortement doit donc, en début de grossesse, être entièrement libre. Et ce laps de temps semble tout de même suffisant pour décider si on veut garder un enfant ou non.

Ensuite, le fœtus devient humain, et acquiert donc des droits. Il cesse d’être une partie du corps de sa mère pour devenir le corps de quelqu’un d’autre, qu’elle abrite. Ce qui signifie qu’on ne peut plus en disposer comme s’il s’agissait d’un objet. Cela ne veut pas dire qu’il a tous les droits pour autant, ni que sa mère cesse d’en avoir. Ainsi, s’il est avéré que la grossesse ou l’accouchement mettent en péril la vie de la mère, il me semble logique que les parents aient le droit (mais pas l’obligation) d’avorter : la vie de l’enfant vaut quelque chose, mais elle ne vaut pas plus que celle de sa mère. Mais sans motif extrêmement sérieux, l’avortement devrait être interdit après ce terme, puisqu’il s’agirait alors d’un meurtre.

Encore une fois, on peut parfaitement choisir de tracer une autre ligne que celle du système nerveux central. Mais on ne peut pas se passer de tracer une telle ligne ; et on ne peut pas dire que tuer ce qu’on considère comme un être humain n’est pas un meurtre. Le vrai débat de société devrait donc être là, et pas dans les arguties stériles qu’on entend depuis 40 ans : quand commence la vie humaine ? Il ne sert à rien de parler de droits des femmes et de respect de la vie tant qu’on n’aura pas résolu cette question qui est à la base de toutes les autres.

lundi 23 juillet 2012

Grande enquête Cluedo : qui a tué 13 000 juifs ?

Le début de l’été est toujours un moment délicat pour les médias, car à moins d’une canicule qui désespère les agriculteurs et enthousiasme les héritiers, il n’y a en général pas grand-chose à se mettre sous la plume ou le micro pour faire passer le temps. Aussi une bonne polémique est-elle toujours la bienvenue. En l’occurrence, François Hollande nous offre exactement ce qu’il nous faut avec la question qui nous taraude tous : la France est-elle oui ou non responsable de la rafle du Vel’ d’Hiv ?

Petit rappel historique pour ceux qui auraient séché les cours en 3e et n’auraient donc jamais atteint la 1: la rafle du Vel’ d’Hiv est la plus importante arrestation de Juifs menée en France pendant la Seconde Guerre mondiale, plus précisément les 16 et 17 juillet 1942. 9000 gendarmes et policiers français ont été mobilisés à l’occasion de cette rafle organisée par le régime de Vichy. Sur les 13 152 juifs capturés, moins d’une centaine reviendront de déportation en vie.

Sur quoi porte donc la polémique ? Sur l’habituelle question mémorielle dite de la repentance. Le nouveau président de la République a qualifié la rafle de « crime commis en France par la France ». Rien de bien nouveau d’ailleurs : Jacques Chirac avait déjà dit exactement la même chose en son temps.

Avant de s’attaquer à la question de fond, on pourrait déjà se demander pourquoi, à chaque fois que ce genre de propos est tenu par une autorité quelconque, il se trouve des grincheux pour tomber à bras raccourcis sur ces formes de « repentance ». C’est ainsi que certains catholiques ne tolèrent pas que l’Église reconnaisse son erreur et présente des excuses sur des dossiers comme l’Inquisition ou le procès Galilée. Ou que beaucoup de Turcs refusent de reconnaître le génocide arménien.

Cela traduit une sacralisation, presque une déification des institutions auxquelles on est attaché. On est bien obligé de reconnaître que des chrétiens, des Français, des Turcs ont commis des erreurs, voire des fautes graves ou même des crimes abominables ; mais il faudrait à chaque fois que l’Église, la France ou la Turquie fussent préservées de toute erreur, de toute faute et de tout crime, bref de toute souillure.

Appelons les choses par leur nom : adorer de manière presque religieuse une institution humaine est une forme assez malsaine d’idolâtrie. Qu’on aime une institution, d’accord. Qu’on la divinise, non. Qu’est-ce qu’une institution en-dehors des êtres humains qui l’incarnent et l’animent ? Si les autorités légitimes de l’Église commettent des crimes en son nom, qu’est-ce qui permettrait à l’Église comme institution d’être pure de ces crimes ?

Dans la polémique présente, on assiste à un grand concert d’indignation. Ainsi, Henri Guaino est « scandalisé » : « ma France, elle n’était pas à Vichy, elle était à Londres […]. Il n’a pas parlé au nom de la France que j’aime. »

Je veux bien ; mais enfin, la France que monsieur Guaino aime, « sa » France, est-ce la France ? Rien ne me semble moins sûr. Qu’est-ce que « la France », en fait, sinon la rencontre d’un peuple (avec sa culture, son histoire etc.) et d’un territoire ? La rafle du Vel’ d’Hiv a bien été commise sur le territoire français. Qui l’a commise ? L’État français. D’où venait cet État ? Qui a donné les pleins pouvoirs en 1940 au maréchal Pétain, sinon, lors d’un vote à une écrasante majorité, l’Assemblée nationale française légitimement élue ?

Les gens sont décidément bien souvent démocrates à moitié. Tous les Français n’étaient sans doute pas collaborationnistes ; mais la très grande majorité d’entre eux n’étaient pas non plus résistants, et ils n’étaient certainement pas à Londres. Ils attendaient que les choses se passent, voilà tout. Et si vraiment toute souveraineté vient du peuple, on voit mal comment qualifier, comme le fait Chevènement, l’arrivée au pouvoir de Pétain de « coup d’État ». S’il existe des principes supérieurs auxquels les représentants du peuple doivent obligatoirement être fidèles sous peine de perdre leur légitimité, alors c’est qu’il y a quelque chose de plus grand et de plus important que la souveraineté populaire.

jeudi 5 juillet 2012

Quand la science-fiction cesse d’être de la fiction (et qu’on le regrette)


Coup sur coup, je viens de recevoir deux signes forts de la justesse de nos thèses. D’un côté, il est rassurant de voir que d’autres que nous sont conscients des dangers inouïs que nous fait courir la technique moderne ; de l’autre, chaque confirmation que nous avons raison est terriblement effrayante. À vrai dire, je préférerais me tromper.

La première confirmation est du domaine de la fiction : il s’agit de la série télé américaine Dollhouse. Cette excellente série, que je recommande à tous ceux qui ne l’ont pas vue (et pas seulement parce qu’elle est très ardorienne dans son inspiration, mais aussi parce que même en tant que simple série, elle est très bonne), raconte l’histoire d’une institution très particulière, la « maison de poupées » (dollhouse en anglais).

On y a développé la technique permettant de manipuler à volonté le cerveau des gens. Des « volontaires » y sont donc enfermés, leurs souvenirs et leur personnalité effacés ; régulièrement, on les programme pour effectuer une mission particulière, qui peut être une histoire d’amour, une histoire de cul, un assassinat, une négociation avec des terroristes ; les possibilités sont infinies. Évidemment, seuls de très riches clients peuvent se payer les services de la Dollhouse ; mais ils ont la garantie d’avoir la personne parfaite, exactement conforme à leur volonté, dotée de toutes les aptitudes, de toutes les compétences et même de tous les souvenirs nécessaires.

Bien entendu, cette technologie finit par dégénérer (assez rapidement) : certains l’utilisent pour implanter leur propre esprit dans le corps d’autres personnes et devenir immortels ; ils utilisent également plus ou moins les autres comme esclaves.

Ça, c’était pour la fiction. La seconde confirmation, malheureusement, est du domaine de la science. Il s’agit d’un article rédigé dans Le Monde Science et techno par le chirurgien Laurent Alexandre. Je précise qu’il ne s’agit pas du numéro du 1er avril. Que nous apprend M. Alexandre ? Grosso modo, que Dollhouse, c’est pour demain. Je le cite :

« Les enjeux [de la biologie de la conscience] sont immenses. D’une part, comprendre comment sont stockées nos émotions et nos mémoires […]. D’autre part, la technologie va permettre la manipulation de nos cerveaux.
La compréhension du fonctionnement cérébral et la cartographie de l’esprit humain progressent au rythme de l’augmentation des capacités informatiques. […] Récemment, on a pu reconstruire une pensée grâce au décodage des ondes enregistrées par des électrodes crâniennes. La technologie ira au-delà du décryptage des cerveaux : leur manipulation semble sans limite. […]
Les neurotechnologies pourraient devenir une arme fatale au service d’une ambition totalitaire. C’est une menace inédite contre la liberté : la police de la pensée sera technologiquement bientôt prête. L’ultime frontière de la domination des dictatures – l’esprit humain – serait pulvérisée : on n’ose imaginer ce que Staline, Mao, Pol Pot ou Hitler auraient fait des neurotechnologies. […] »

On n’ose, en effet. Mais Laurent Alexandre ne va pas au bout de son raisonnement. On comprend de mieux en mieux le fonctionnement du cerveau. Plus on le comprend, plus on peut agir efficacement dessus. En outre, d’autres branches de notre technique (comme les nanotechnologies) permettront sans doute d’accroître encore le contrôle qu’on pourra avoir sur lui à l’avenir. L’ensemble de notre système technicien est donc en train de mettre rapidement en place les outils qui permettront de contrôler le cerveau des gens, c’est-à-dire leur identité même.

À partir de là, la seule question valable est : peut-on espérer contrôler pareille technologie ? La réponse devrait s’imposer d’elle-même : non, de toute évidence. Laurent Alexandre parle de « neuroéthique », d’encadrement et de régulation ; c’est évidemment une chimère. Une technologie aussi puissante ne pourra pas être contrôlée ou encadrée. Elle sera très rapidement la cible de gens qui, par goût de l’argent ou du pouvoir, l’utiliseront pour dominer les autres. On croit souvent que les gens comme Hitler ou Staline sont des exceptions, mais c’est faux : beaucoup de gens sont capables des mêmes horreurs qu’eux pour peu qu’ils aient l’occasion et l’assurance de l’impunité.

Y a-t-il une échappatoire ? Elle est étroite. Puisque, une fois qu’elle sera présente, une telle technique ne pourra plus que nous échapper complètement, il faut l’empêcher d’apparaître. Non pas qu’elle soit mauvaise en elle-même, mais parce que l’humanité n’a, de toute évidence, pas atteint le degré de développement spirituel nécessaire à son bon usage.

De ce point de vue, il est extrêmement regrettable que les rares personnes qui comprennent ce péril mortel où nous nous trouvons soient ou bien tétanisés et incapables d’agir, ou bien confiantes dans les capacités de l’État, ou de la société en général, à le contenir.

lundi 2 juillet 2012

Autant donner le brevet dans les Kinder


Je viens de finir de corriger mon lot de copies du brevet des collèges, et le moins qu’on puisse dire est que ceux qui le décrocheront cette année n’auront pas de quoi l’exposer au-dessus de la cheminée.

Tout un chacun peut déjà se désoler sur la facilité déconcertante des épreuves en elles-mêmes. Ainsi, comme repères géographiques, on demandait cette année aux élèves de nommer l’océan indien, l’océan atlantique, l’océan pacifique, les États-Unis, la Chine et la Russie ; difficile de ne pas décrocher les 3 points accordés. Je ne suis pas prof de français, mais mes collègues m’ont fait part des mêmes remarques quant à leur épreuve.

Ce que les gens ne voient pas, en revanche, ce sont les barèmes. Là, on entre dans quelque chose d’encore plus pervers, car a priori caché ; et ceux qui peuvent en avoir un aperçu ne sont pas déçus du voyage.

Ainsi, cette année, on demandait aux élèves ayant choisi l’épreuve de géographie de « composer » (les guillemets sont là pour souligner le peu qu’on demande dans un « paragraphe argumenté ») sur la puissance économique et commerciale de l’Union européenne. Mais le corrigé officiel et le barème qui allait avec ne faisaient aucune référence aux limites de cette puissance. Par conséquent, un élève qui ne parlerait que de la puissance en elle-même, sans montrer que l’Union connaît tout de même quelques problèmes, pourrait très bien avoir 10/10. En pleine crise de l’euro, la pertinence du raisonnement pose tout de même question.

Dans le même ordre d’idée, mais peut-être encore plus grave, l’an dernier, le sujet d’histoire portait sur la France de Vichy. Dans le paragraphe argumenté, on demandait aux élèves de décrire et de qualifier le régime de Vichy ; mais le barème ne mentionnait pas le caractère antisémite de l’État pétainiste. Si un élève le mentionnait, cela lui apportait une valorisation ; mais on pouvait avoir la totalité des points en omettant cette réalité pourtant centrale. Serait-ce un… détail de l’histoire ?

Dernière chose à remarquer : l’an prochain, les épreuves du brevet vont changer. J’ai eu droit aux ébauches des nouveaux sujets. Mieux ou moins bien ?

Il y a du mieux : on demandera davantage de connaissances aux élèves. Ainsi, dans le sujet que j’ai eu en main, on attend d’eux qu’ils datent les lois sur l’école de Jules Ferry et qu’ils en expliquent l’importance dans l’histoire de la République. Comme ils n’ont pas de document pour les aider, il faudra bien qu’ils maîtrisent ces connaissances. En outre, leur demander des explications, et pas seulement des dates, permettra d’éviter le par cœur qui ne permet pas de comprendre.

Mais il y a aussi du moins bien, en particulier concernant le travail de rédaction. Déjà, dans l’ancien brevet, on ne leur demandait pas une grosse réflexion. Mais enfin, le « paragraphe argumenté », comme on l’appelait (très improprement, puisqu’il était justement censé se composer de plusieurs paragraphes), exigeait tout de même (en théorie du moins) de construire un raisonnement historique ou géographique. Dans les nouvelles épreuves, on ne leur demande plus de réfléchir ou de construire un raisonnement mais seulement de raconter, de poser une description d’une réalité.

Bref, voilà le nouveau brevet : plus de connaissances, mais moins de réflexion. Le tout pour former des élèves ayant la tête bien pleine, mais pas forcément bien faite. Ce n’est pas seulement grave pour ceux qui iront au lycée et devront apprendre la méthode de la dissertation sans passer par l’étape intermédiaire qu’était le paragraphe argumenté ; c’est surtout grave parce que cela traduit une volonté très perverse au sommet de l’organisation : on produit les citoyens qui réfléchiront le moins possible. Après ça, on leur donne le pouvoir.