Comme le rapport un article de l’excellent blog Big Browser,
un jeune policier de 23 ans, qui bénéficiait d’un emploi-jeune au ministère de
l’intérieur, a été suspendu à titre conservatoire pour s’être prostitué. L’IGPN
demande son licenciement.
Cette affaire rappelle évidemment celle de cette femme de ménage d’un lycée de la Drôme qui avait été licenciée pour avoir posté sur son blog des images et vidéos pornographiques la mettant en scène. On retrouve exactement les mêmes éléments : un fonctionnaire qui, hors de son temps de service, fait des choses qui ne sont pas forcément bien vues par beaucoup de gens, mais qui ne sont nullement illégales – n’en déplaise à Mme. Vallaud-Belkacem, la prostitution n’est pas encore interdite en France ; un licenciement suite à la découverte desdites activités ; et un chœur des vierges effarouchées qui en appellent à « la déontologie », aux « bonnes mœurs » (qu’ils prononcent sûrement « bonnes mœursses »), au « devoir de réserve », à la « discrétion professionnelle », dénonçant à grands cris « une vie dissolue ». Mon Dieu, il y a encore des gens pour parler de « vie dissolue » ! C’est so 1813…
Je ne peux que redire mon indignation (et ce que j’avais dit à l’époque). Si on veut que la loi soit bonne, il faut qu’elle interdise ce qui est mal, tout ce qui est mal, et rien que ce qui est mal. La loi entretient donc un rapport profond avec la morale : en fait, la loi est l’expression de la vision qu’une société se fait du Bien et du mal[1]. L’idéal serait donc une adéquation parfaite entre la loi et la morale : tout ce qu’on juge objectivement mauvais devrait être interdit par la loi, et tout ce qu’on ne juge pas objectivement mauvais devrait être autorisé. Ce qui est légitime devrait être légal, et ce qui est illégitime devrait être illégal[2].
Ici, nous sommes dans la situation inverse. Un jeune homme est licencié non pas parce qu’il aurait enfreint la loi, mais pour un comportement jugé contraire aux bonnes mœurs. Mais enfin jugé par qui ? Qui, chez nous, est juge de ce qui est propre ou sale, pur ou impur, de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas ? Les autorités religieuses ? Mais nous sommes dans un État laïc. Les autorités civiles ? Mais rien, dans la loi, ne leur donne de compétence en la matière. La majorité ? Mais alors nous vivons sous la domination des préjugés d’une plèbe coincée et rétrograde qui impose aux autres sa vision des choses. Et au nom de quoi ?
Un fonctionnaire ne devrait représenter l’État qui l’emploie que durant son temps de service. Hors service, il devrait être un citoyen exactement comme les autres, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, ni plus, ni moins. Il faut en finir avec une vision archaïque qui voudrait faire de la fonction publique une sorte de sacerdoce : non, le fonctionnaire n’a pas à se donner corps et âme à son service ; oui, un fonctionnaire doit pouvoir faire les mêmes choses de sa vie privée que les autres citoyens.
Il est décidément amusant de voir les fervents démocrates être les premiers à confondre allègrement « traditions », « usages » et « coutumes » avec « bien objectif ». Je constate qu’une fois de plus, tout royaliste que je sois, je suis plus attaché aux libertés fondamentales et à la protection de la vie privée que beaucoup de mes concitoyens.
La pudibonderie et le puritanisme reviennent au galop. Il y a là un véritable danger. Pour ma part, je suis assez content, du point de vue sexuel (et du point de vue des « mœurs » de manière générale) de vivre dans la société un peu libérée. C’est un des rares avantages que je reconnais à mon époque. Si vous y tenez aussi, il serait temps de se bouger un peu (le cul) pour le défendre.
Cette affaire rappelle évidemment celle de cette femme de ménage d’un lycée de la Drôme qui avait été licenciée pour avoir posté sur son blog des images et vidéos pornographiques la mettant en scène. On retrouve exactement les mêmes éléments : un fonctionnaire qui, hors de son temps de service, fait des choses qui ne sont pas forcément bien vues par beaucoup de gens, mais qui ne sont nullement illégales – n’en déplaise à Mme. Vallaud-Belkacem, la prostitution n’est pas encore interdite en France ; un licenciement suite à la découverte desdites activités ; et un chœur des vierges effarouchées qui en appellent à « la déontologie », aux « bonnes mœurs » (qu’ils prononcent sûrement « bonnes mœursses »), au « devoir de réserve », à la « discrétion professionnelle », dénonçant à grands cris « une vie dissolue ». Mon Dieu, il y a encore des gens pour parler de « vie dissolue » ! C’est so 1813…
Je ne peux que redire mon indignation (et ce que j’avais dit à l’époque). Si on veut que la loi soit bonne, il faut qu’elle interdise ce qui est mal, tout ce qui est mal, et rien que ce qui est mal. La loi entretient donc un rapport profond avec la morale : en fait, la loi est l’expression de la vision qu’une société se fait du Bien et du mal[1]. L’idéal serait donc une adéquation parfaite entre la loi et la morale : tout ce qu’on juge objectivement mauvais devrait être interdit par la loi, et tout ce qu’on ne juge pas objectivement mauvais devrait être autorisé. Ce qui est légitime devrait être légal, et ce qui est illégitime devrait être illégal[2].
Ici, nous sommes dans la situation inverse. Un jeune homme est licencié non pas parce qu’il aurait enfreint la loi, mais pour un comportement jugé contraire aux bonnes mœurs. Mais enfin jugé par qui ? Qui, chez nous, est juge de ce qui est propre ou sale, pur ou impur, de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas ? Les autorités religieuses ? Mais nous sommes dans un État laïc. Les autorités civiles ? Mais rien, dans la loi, ne leur donne de compétence en la matière. La majorité ? Mais alors nous vivons sous la domination des préjugés d’une plèbe coincée et rétrograde qui impose aux autres sa vision des choses. Et au nom de quoi ?
Un fonctionnaire ne devrait représenter l’État qui l’emploie que durant son temps de service. Hors service, il devrait être un citoyen exactement comme les autres, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, ni plus, ni moins. Il faut en finir avec une vision archaïque qui voudrait faire de la fonction publique une sorte de sacerdoce : non, le fonctionnaire n’a pas à se donner corps et âme à son service ; oui, un fonctionnaire doit pouvoir faire les mêmes choses de sa vie privée que les autres citoyens.
Il est décidément amusant de voir les fervents démocrates être les premiers à confondre allègrement « traditions », « usages » et « coutumes » avec « bien objectif ». Je constate qu’une fois de plus, tout royaliste que je sois, je suis plus attaché aux libertés fondamentales et à la protection de la vie privée que beaucoup de mes concitoyens.
La pudibonderie et le puritanisme reviennent au galop. Il y a là un véritable danger. Pour ma part, je suis assez content, du point de vue sexuel (et du point de vue des « mœurs » de manière générale) de vivre dans la société un peu libérée. C’est un des rares avantages que je reconnais à mon époque. Si vous y tenez aussi, il serait temps de se bouger un peu (le cul) pour le défendre.
[1]
Bien sûr, si on affirme que ces concepts sont purement relatifs, et ne reposent
sur aucun absolu, la loi n’est plus rien d’autre qu’un moyen variable de vivre
ensemble et d’empêcher les plus forts d’écraser les plus faibles. Mais elle
perd alors toute légitimité, car au nom de quoi, s’il n’y a pas d’absolu,
empêcher les plus forts d’écraser les plus faibles ?
[2]
On va me dire que la morale évolue. En fait, ce n’est pas le Bien et le mal qui
changent, mais seulement la compréhension que nous en avons. L’esclavage était objectivement
aussi mauvais il y a 2500 ans qu’aujourd’hui ; mais les Grecs n’en avaient
pas conscience.
Encore une fois, Meneldil, ce qui permet une très bonne lecture. Une nouvelle perspective, de chez moi, à judgemen. Personnellement, pour moi, il a toujours été difficile de penser à ne pas juger les autres gens, leurs motivations, et parfois de leurs actions. Merci de partager votre point de vue sur cette question.
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