En ce premier dimanche de l’Avent, parlons de Noël, bien
sûr. Et de sa figure centrale : Jésus-Christ ! Ah ah, je blague, bien
sûr ; tout le monde sait bien que le personnage principal de Noël, c’est
le Père Noël. D’ailleurs tout l’indique, à commencer par le fait qu’il s’appelle
le Père Noël, justement (y a comme un lien), alors que Jésus-Christ ne s’appelle
pas Jésus-Christ Noël, tout le monde sait ça.
Si on veut faire un peu d’histoire (déformation
professionnelle oblige), on constate bien sûr que faire la fête aux alentours
du solstice d’hiver n’a rien de spécifiquement chrétien. Le christianisme n’a
fait que récupérer la date des Saturnales romaines et de la fête d’une divinité
latine, Sol Invictus, le Soleil
invaincu. De manière plus générale, et assez compréhensible, de nombreuses religions
fêtent le moment où les jours commencent à rallonger : déjà dans le culte
mithraïque, la fête la plus importante, le Mithragan, avait lieu autour de
cette date. La Hanoucca juive n’est pas bien loin non plus.
De nos jours, Noël est devenue une fête profane dont la
figure tutélaire, le Père Noël, a été popularisée entre le XIXe et
le début du XXe siècle, même si ses racines et origines profondes
remontent évidemment bien au-delà, dans les polythéismes antiques de l’Europe
du Nord. On pourrait donc dire que dans un juste retour des choses d’ici-bas, le
Noël profane d’aujourd’hui et son Père Noël ne font qu’infliger au christianisme
ce que lui-même avait auparavant infligé à d’autres : une religion en
remplace une autre, et voilà tout.
Et il faut bien le reconnaître, le Père Noël a un atout :
il est sympathique. Sa bedaine indique un bon vivant, coutumier des plaisirs de
la chair ; sa longue barbe blanche le catalogue immédiatement dans les
vieillards sages et bienveillants, quelque part entre Gandalf, Dumbledore et
Obi-Wan Kenobi ; le rouge et le blanc de son habit lui donnent un aspect vif
et joyeux ; et surtout, sa bonne habitude de distribuer des cadeaux en
fait immanquablement quelqu’un avec qui il vaut mieux ne pas se fâcher. Bref,
la nouvelle religion ne manque pas de qualités.
Sauf qu’ici, les choses sont justement un peu plus
complexes. Car quand les masses populaires se sont mises à célébrer Jésus à la
place de Sol Invictus, elles ont
véritablement changé de croyance : elles ont cessé de croire en Sol pour
se mettre à croire en un autre dieu, le Christ. Alors que le Père Noël, lui, a de
ce point de vue un statut bâtard.
D’une part, il est un être de fiction, un être imaginaire.
On peut même aller plus loin : il est le
modèle même de l’être imaginaire, qui n’existe pas. Quand on veut dire de quelqu’un
qu’il croit des choses totalement impossibles, on va dire de lui qu’il croit au
Père Noël, pas qu’il croit aux licornes ou aux dragons. Mais d’autre part, et paradoxalement,
il est aussi le seul être de fiction qui soit présenté comme réel aux enfants,
et ce pendant une bonne partie de leur prime jeunesse. Personne ne dit à ses
enfants que les ogres, les sorcières ou les trolls qui peuplent les histoires
qu’on lui raconte existent pour de vrai ; en revanche, presque tout le
monde non seulement ment à ses enfants en lui affirmant l’existence du Père Noël,
mais encore déploie tous les efforts possibles pour que le mystère soit
entretenu aussi longtemps que faire se peut. Et ce au prix d’un traumatisme
pour l’enfant, puisque la révélation que le Père Noël, c’est les parents (ça y
est, je l’ai dit) est toujours un moment difficile et douloureux pour lui.
Allons encore un peu plus loin. Le mythe du Père Noël, nous
l’avons dit, est popularisé entre le XIXe et le XXe
siècle. C’est-à-dire à un moment où la foi en Dieu commence sérieusement à
avoir du plomb dans l’aile. Y aurait-il un lien entre les deux ? Bien sûr,
il serait stupide de prétendre que c’est la diffusion du mythe du Père Noël qui
a causé l’effondrement de la foi religieuse. Celui-ci a des causes bien plus importantes
et plus profondes.
Cela étant, il ne me semble pas impossible que le Père Noël
ait, modestement, contribué à cette chute. Pourquoi ? Tout simplement
parce que lui et Dieu le Père ont de fâcheuses ressemblances. Bien sûr, on va
me rétorquer que Dieu n’est pas conforme à l’image que les foules ont de Lui.
Certes ; mais quand on fait de l’histoire ou de la sociologie, les
représentations mentales ont peut-être plus de poids que les réalités qu’elles
désignent. Or, Dieu le Père (ou l’image qu’on a instinctivement de Lui, et qui
dérive de l’histoire et de la culture occidentales) et le Père Noël partagent la
même barbe blanche, le même âge, la même gentillesse, le même rapport au Ciel (même
si le Père Noël n’y vit pas, il en descend tout de même pour porter ses
cadeaux), le même amour des petits.
Il n’est donc pas impossible que, lorsqu’on lui apprend que
le Père Noël n’existe pas, l’enfant se dise, inconsciemment la plupart du temps,
que cet autre vieux bonhomme sympathique à barbe blanche et qui vit dans les
nuages n’existe pas davantage, et qu’il ne s’agit que d’un autre mensonge des
adultes. J’avais depuis longtemps l’intuition de ce lien ; intuition qui m’a
été confirmée lorsqu’une jeune femme de ma connaissance m’a appris, sans que j’aie
jamais évoqué cette hypothèse devant elle, que les doutes qui l’avaient en fin
de compte conduit à abandonner le christianisme avaient commencé lorsqu’on lui
avait révélé que le Père Noël n’existait pas.
En tout état de cause, je ne pense pas que faire croire au
Père Noël aux enfants soit une bonne chose. Le petit enfant a dans ses parents
une confiance totale, aveugle, absolue. Ce long et persistant premier mensonge
me semble comme un péché originel dans la relation que les parents ont avec
lui, une première trahison qui ne peut que laisser des traces douloureuses. S’il
est vrai que la vérité ne se doit qu’à ceux qui sont aptes à la connaître, il
est sans doute possible de mentir aux enfants, comme aux adultes d’ailleurs ;
mais en l’occurrence, est-ce bien nécessaire ?
On me dira que ce mensonge participe de la magie de Noël ; je ne le
crois pas. Le Père Noël peut prendre sa place dans l’univers de cette fête sans
pour autant être présenté comme existant réellement. Et surtout, je crois que
la véritable magie de Noël réside ailleurs que dans cette imagerie traditionnelle,
si charmante soit-elle. A qui cherche, il n’est pas difficile de la trouver.
Moi, j'apprendrai à mes enfants que les troll et les sorcières existent ! La seule déception que je leur infligerai, c'est à notre époque, on ne peut plus combattre les premiers à l'épieu ni brûler les secondes...
RépondreSupprimerPerso, j'ai cru au Père Noel petit, et à Dieu aussi, mais lorsque j'ai compris que le Père Noel était un compte, mon amour d'enfant pour Jésus n'a pas souffert l'ombre d'un doute... Et la personne de Dieu, et de DIeu fait homme a fait son chemin, et ma rencontre avec Lui fait qu'existe aujourd'hui une relation entre nous que rien ne saura jamais ébranler, rien ni jamais.
RépondreSupprimerLes enfants, malgré la confiance entière qu'ils ont envers leurs parents, comprennent ce qui est vrai chez leurs parents, et ce qui est là pour ajouter de la "magie" à la fête! Beaucoup dépend du témoignage et de l'exemple que nous parents, donnons à nos enfants!!
Joyeux Noel!!
Very good food for thought. I tend to agree quite a bit with your philosophy. Thank you for opening my eyes to some things I hadn't thought of before. Good job.
RépondreSupprimerUNE DE MES CHANSONS
RépondreSupprimerAMOUR AU PÔLE NORD
COUPLET 1
y a d’la glace
qui fond au pôle nord
des icebergs
que les pluies dévorent
qu’est devenu
l’grand amour qui fit souffir
mon corps
tellement souffir mon corps
que
si
l’pôle nord
était une femme
y aurait plus que des larmes
des igloos en alarme
COUPLET 2
j’ai passé 2 ans dans cale d’un navire
c’était moé l’commandant Lemire
j’entendais craquer
la glace qui s’fractionnait
dans l’noir
tellement de larmes un soir
que
si l’pôle nord
était un homme
y aurait plus que du rhum
dans l’igloo du bonhomme
COUPLET 3
y a d’la glace
qui fond au pôle nord
des icebergs
que les pluies dévorent
je l’ai senti
quand j’ai fondu en toé
mon amour
commandant Lemire au secours
prend moé a bord
emmène-moé au pôle nord
habille-moé d’un scaphandre
pis laisse-moé descendre
l’autre bord d’la mort
j’sculpterai dans la glace
ses deux mains dans la face
le cri de ses orgasmes
Pierrot
vagabond céleste
Pierrot est l'auteur de l'Île de l'éternité de l'instant présent et des Chansons de Pierrot. Il fut cofondateur de la boîte à chanson Aux deux Pierrots. Il fut aussi l'un des tous premiers chansonniers du Saint-Vincent, dans le Vieux-Montréal. Pierre Rochette, poète, chansonnier et compositeur, est présentement sur la route, quelque part avec sa guitare, entre ici et ailleurs...
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