Il y a cinq mois de cela, un billet de ce blog avertissait
que, de plus en plus, la science-fiction cesse d’être de la fiction pour
devenir notre quotidien, et que ce n’est pas toujours une bonne chose. Le 31
octobre dernier, un billet du très intéressant blog Internet actu, tenu par trois journalistes associés au Monde, billet
intitulé « Peut-on extraire des données de votre cerveau ? »,
allait dans le même sens.
De quoi s’agit-il ? Une étude menée par plusieurs chercheurs
et présentée à la conférence sur la sécurité informatique Usenix montre qu’en
utilisant un casque EEG, qui mesure l’activité électrique du cerveau, il est
déjà possible d’obtenir des informations telles que le lieu de résidence de quelqu’un
ou son code de carte bleue. Bien sûr, nous n’en sommes qu’aux balbutiements de
cette technique : il n’est pas encore possible de connaître avec certitude
et précision les opinions politiques du sujet ou de savoir ce qu’il faisait à
une date donnée.
Mais au rythme où progressent les neurosciences et les
biotechnologies, qui peut douter que ces étapes seront franchies très
rapidement ? Une fois qu’on les aura atteintes, toute la question sera
donc de savoir quel usage on fera de ce savoir-faire. Mais là encore, le doute
n’est malheureusement guère possible : des armes à feu aux bombes
atomiques en passant par les caméras de surveillance ou le flicage de la vie
privée, les États et les puissants qui les dirigent ont toujours fait la preuve
qu’ils étaient incapables de résister à la tentation ; à chaque fois qu’une
technique plus développée apparaît, elle est utilisée par les hommes pour
asseoir leur domination.
Et cela pour des coûts toujours moins importants ! Là
où la Stasi devait employer (et donc payer) des milliers d’individus pour
ouvrir et lire tout le courrier qui circulait en Allemagne de l’Est, les moyens
modernes de contrôle du contenu des e-mails rendent la même chose possible à une
bien plus grande échelle mais à un prix infiniment plus abordable.
Les totalitarismes du XXe siècle n’ont pas été
faciles à renverser. Qu’en sera-t-il pour ceux de demain ? Que se
passera-t-il lorsqu’il suffira d’enfoncer un casque sur la tête d’un résistant
capturé pour extraire de lui toutes les informations qu’on désire obtenir ?
Et question corollaire : comment se fait-il que les
gens ne se rendent pas davantage compte de ce danger que nous courrons ?
Je crois que leur tranquillité se fonde sur deux idées. La première est que le
totalitarisme ne reviendra pas et que notre régime démocratique est éternel. La
seconde est que les régimes démocratiques n’utiliseront pas ces techniques à l’encontre
des droits fondamentaux des citoyens.
Disons-le sans fard : au regard de l’Histoire, ces deux
idées sont de pures illusions.
Cet article est intéressant, je ne pense cependant pas que ce genre de casque sera utilisé un jour, pour la simple raison que si un totalitarisme s'installait vraiment, nous ne nous en apercevrions que très difficilement. Ainsi, cette technique serait perfectionnée pour fonctionner, par exemple, via les ondes !
RépondreSupprimerC'est pour cela que je soutiens que les droits fondamentaux qui, tu en conviendras, sont le socle de notre Etat de droit, sont pour le moment notre seule protection contre le retour à un Etat totalitaire. Et même si c'est vain, il vaut mieux s'y accrocher, et les défendre coûte que coûte, que d'être fataliste...
Alexandre
Je ne suis pas certain que les totalitarismes de demain s'installeront de manière discrète. C'est possible, mais je ne pense pas que ce soit une certitude. Des bouleversements rapides et intenses (crise écologique ou économique virulente, par exemple) pourraient leur permettre de prendre place sans avoir à se cacher.
RépondreSupprimerCela étant, oui, très probablement, les dirigeants essaieront de faire des choses moins visibles, comme les totalitarismes l'ont d'ailleurs toujours fait. Donc effectivement, dès que possible, ils utiliseront des ondes plutôt que des casques. Mais le problème reste le même. Il est même pire.
Enfin, sur les droits fondamentaux et l’État de droit, totalement d'accord pour dire qu'il faut les préserver (même si je n'ai peut-être pas exactement la même vision que toi de ce que sont les "droits fondamentaux" et "l’État de droit"). Mais justement, ce que je suis en train de dire, c'est que ces droits fondamentaux sont le trésor à protéger, ils ne sont en rien un rempart protecteur. Et le développement de ces techniques nous amène tout droit à un monde où les protéger sera presque impossible.
Il faut une casquette de faraday ! (pour se protéger de la lecture à distance)
RépondreSupprimerEl.
Un régime démocratique ? Menel, soyons sérieux : où ? Attention, je ne dis pas que nous vivons dans un régime totalitaire : toutefois, nous sommes tous plus esclaves que nous le devrions, pour des gens qui prétendent aux "droits fondamentaux". En fait, je préférerais que ces techniques voient le jour, histoire que l'aliénation devienne "visible".
RépondreSupprimerLe problème, c'est que je ne crois pas que l'émergence de ces techniques permettra aux gens de se rendre compte de l'aliénation. On les endormira toujours d'une manière ou d'une autre.
RépondreSupprimerAlors c'est qu'ils ne valent pas la peine qu'on les réveille... Déjà je les trouve bien coupables de ne rien remettre en question de leur mode de vie alors que les remises en question fusent de tous bords...
RépondreSupprimerEt ça y est, tu me fais retomber dans la misanthropie XD