Comme je l’avais déjà dit ici même le 26 août dernier, je ne
vais évidemment pas bouder mon plaisir. La soirée électorale pour la présidence
de l’UMP n’aurait pas pu être plus réussie à mes yeux, c’est-à-dire qu’elle
n’aurait pas pu être plus ratée à ceux des concernés. Copé et Fillon dans un
mouchoir de poche, les deux capitaines annonçant chacun leur victoire de leur
côté, leurs lieutenants respectifs crispant les poings et se lançant
mutuellement des bordées de piques qui, au fur et à mesure que la nuit
noircissait (c’est le cas de le dire), devenaient de plus en plus agressives,
voire insultantes, et rendaient la réconciliation des deux camps toujours plus
difficile, toujours plus improbable, bref voir la droite se livrer à ce qui fut
pendant tant d’années le jeu préféré de la gauche, et qu’elle avait tant moqué :
tout cela ne pouvait que me plaire, et j’ai bu du petit lait pendant toute la
soirée.
Cela étant, aujourd’hui, les commentaires des médias sur une
UMP « au bord de l’explosion », l’excitation autour d’un
« risque de schisme », les interrogations sur un possible départ de
François Fillon, finalement battu (départ pour où, je me le demande) me
semblent extrêmement exagérés. Je crois que la droite joue à se faire peur et
que la gauche se berce d’espoirs parfaitement illusoires.
Oui, Jean-François Copé a été mal élu, avec très peu de voix
d’avance et des soupçons de fraude dans plusieurs circonscriptions. Oui,
François Fillon est un homme, disons, sûr de lui, et qui aura du mal à mettre
son orgueil dans sa poche pour se soumettre à quelqu’un qu’il déteste
cordialement. Non, il n’acceptera probablement pas le lot de consolation que
son rival daigne lui tendre comme un hochet (la vice-présidence du parti). Oui,
beaucoup de cadres du parti lui resteront (plus ou moins) fidèles.
Mais dans l’ensemble, l’UMP va-t-elle si mal ? Je ne le
crois nullement.
D’une part, elle ne me semble pas du tout souffrir d’une
véritable fracture dogmatique ou idéologique : bien sûr, Copé est un peu
plus à droite que Fillon, un peu moins social, un peu moins humaniste, un peu
plus prêt à des rapprochements avec le Front National. Mais ce sont entre eux,
et entre les militants qui les ont soutenus, des différences de degré, pas de
nature. Il s’agissait d’abord du combat de deux hommes pour le trône, pas de la
confrontation de deux visions du monde ni même de deux stratégies.
D’autre part, tous à l’UMP ont intérêt à la préservation de l’union,
fût-elle de façade. Bien sûr, certains pourraient être tentés par une fuite
vers l’UDI de Jean-Louis Borloo. Mais si Fillon l’avait emporté, d’autres
auraient été tentés de la même manière par le Rassemblement bleu marine de l’extrême-droite ;
et quand on compare l’histoire récente du centre (trente ans d’échecs, de
divisions sans fin, de morts et de prétendues renaissances) à celle de l’extrême-droite
(trente ans d’une progression quasiment constante), on se dit que la fuite vers
le centre est bien moins alléchante que ne l’eût été celle vers la droite radicale,
et que l’UMP a donc évité le pire.
Et surtout, il reste l’essentiel : les postes. À l’exception
des quelques leaders auxquels Copé pourra difficilement pardonner, les anciens
partisans de Fillon vont rapidement se soumettre à un nouveau chef suffisamment
intelligent pour leur laisser une place à son soleil. Fillon lui-même n’a pas intérêt
à partir, ce qui lui donnerait la pire image possible : le diviseur, le
risque pour les combats électoraux à venir, le mauvais perdant qui refuse la
main tendue du vainqueur. Peu de gens, cadres, élus ou militants, le suivraient
dans l’aventure hasardeuse de la création d’un nouveau parti, et il prendrait
surtout le risque de se couvrir de ridicule. D’autant plus que de l’intérieur
de l’UMP, rien n’est encore perdu pour lui, puisque la bataille essentielle
sera la primaire pour la présidentielle de 2017 (et même si avoir présidé l’UMP
pendant quatre ans sera dans cet autre combat un atout).
L’un dans l’autre, idéologie plus intérêt personnel,
on peut donc parier qu’il n’y aura pas d’hémorragie massive à l’UMP. Quelques militants
écœurés rendront leur carte, quelques cadres iront s’égailler à droite et
surtout à gauche, mais après tout, le parti ne se renforce-t-il pas en s’épurant ?
Même si
les ambitions des vaincus d’aujourd’hui ne disparaîtront pas vraiment, elles
sauront se faire discrètes, car la droite (et c’est sa force) a la culture du
chef. Militants UMP, ne craignez rien, militants anti-UMP, ne rêvez pas : ce
parti n’est pas au bord du schisme. Il n’a pas fini de nous pourrir la vie,
vous pouvez m’en croire.
Copé un peu moins humaniste ? Disons plutôt un peu moins humain...
RépondreSupprimerQuand à la scission de l'UMP le réalité ou la fiction de la coupure me semble bien moins importante que l'image lamentable qu'ils révèlent au public en s'opposant ainsi. Les électeurs voteront t-ils à la prochaine présidentielle pour un parti incapable de s'accorder en son propre sein ? En politique l'image publique me semble bien plus importante que la véracité des faits, et l'image renvoyée par cette opposition est très mauvaise pour eux ...
N'empêche, rendez-moi un Balladur! Lui au moins, il a su se retirer avec panache et dédaigner la plèbe ingrate comme elle le méritait ! XD
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