mercredi 28 novembre 2012

La supercherie de Valérie Pécresse

On va dire que je ne suis pas le rythme de l’actualité, que maintenant, le feuilleton, c’est la crise à l’UMP, et que parler du mariage homo, c’est complètement has been. Et qu’en plus (j’entends d’ici ma femme), depuis l’élection de François Hollande, j’ai dû faire cinq ou six billets consacrés au moins en partie à ce sujet, et que je ferais bien de changer de disque si je ne veux pas que cette apparente monomanie devienne fort suspecte.

Peut-être. Mais au fond, sur la crise de l’UMP, aussi bizarre que ça puisse paraître, je maintiens, globalement et à long terme, mon diagnostic du 20 novembre dernier : l’état du malade empire, mais il devrait se remettre. Bien sûr, il faut faire preuve de la plus grande prudence : depuis que François Fillon a contesté par d’autres biais que ceux prévus par le parti l’élection de son adversaire, le jeu est extrêmement trouble. Je pense d’ailleurs que Fillon ne calcule pas, ne calcule plus, qu’il n’est plus vraiment dans une démarche rationnelle, mais qu’il est surtout aveuglé par la haine, la rage, la colère, une colère froide, glaciale, et qu’il veut la chute de Copé à tout prix. J’ai sans doute sous-estimé la haine que doivent se porter ces deux hommes, ainsi que leur ambition personnelle, pour qu’ils en soient là aujourd’hui.

Cela dit, même après la déclaration de Copé comme quoi les conditions ne sont pas réunies pour l’organisation d’un référendum interne, je doute qu’on voie bientôt la fin de l’UMP. Les dissidents ont fondé leur groupe parlementaire, mais un groupe parlementaire, ce n’est pas encore grand-chose, au fond ; la rébellion reste surtout de l’ordre du symbole, de l’image. La vraie question va arriver à la fin de la semaine, quand ils devront dire quel parti ils décident de faire profiter de leurs subventions (je rappelle qu’un député rapporte chaque année plus de 41 000€ au parti auquel il se rattache). S’ils décidaient de se rattacher pleinement à un autre parti que l’UMP, une ligne rouge serait franchie.

Mais franchement, je ne vois pas la totalité des députés dissidents accepter de se rattacher ainsi à un autre parti ; et je ne vois surtout pas les militants les suivre sur cette voie. Soit Sarkozy reviendra imposer un vainqueur de son choix, soit Copé jouera le pourrissement et la montre pour pérenniser le statu quo, et dans les deux cas, je continue donc de croire que tout rentrera dans l’ordre, qui qu’en soit le bénéficiaire.

Bon, c’est bien joli, tout ça, mais avec cette saga, décidément bien addictive, je ne vous parle pas du mariage pour tous. Or, il y a quelque chose qui devrait aller sans dire, mais qui ira encore mieux en le disant : non, la droite, si elle revient au pouvoir, ne reviendra pas sur le mariage homosexuel. Non seulement les élucubrations de certains sur un possible « démariage » des couples homos mariés sous la présidence Hollande sont de la pure blague, mais ceux qui promettent à leur électorat de revenir sur la réforme elle-même, même sans démarier les couples déjà unis par la loi, mentent de manière éhontée. Les Pécresse, les Copé, les Fillon qui jurent leurs grands dieux que oui, ils reviendront sur cette réforme, qu’au moins ça ne s’appellera plus « mariage », racontent n’importe quoi : tout ça, c’est des bêtises, des chansons et des imbécillités, et je ne peux pas envisager qu’ils croient eux-mêmes ce qu’ils disent. À la suite du cardinal Vingt-Trois, beaucoup de personnalités de droite ont dénoncé le mariage pour tous comme étant une « supercherie » ; mais la supercherie, ce sont eux qui la pondent avec cette promesse rageuse.

Pourquoi ? Déjà parce que les homosexuels représentent finalement une part pas négligeable de l’électorat, et qu’autant les politiciens de droite pouvaient espérer en garder quelques-uns dans leur poche en leur refusant une avancée, autant ils se les aliéneraient définitivement en leur retirant un acquis. Même quelqu’un qui accepterait de prendre ce risque politique énorme en faisant campagne sur ce thème se dépêcherait, une fois au pouvoir, d’enterrer cette promesse forcément intenable.

Ensuite parce que de toute manière, personne ne revient jamais sur ce genre de réforme. Il faut d’ailleurs savoir gré à Xavier Bertrand d’avoir eu l’honnêteté de le dire. Dans un entretien à L’express du 21 au 27 novembre 2012, à la question : « La droite peut-elle s’engager à revenir sur le mariage homosexuel et l’adoption ? », il répond simplement : « Y a-t-il beaucoup de réformes de société sur lesquelles on revienne ? ».

Merci de votre franchise, monsieur Bertrand. Enfin un commerçant honnête !



*** EDIT ***

Eh non, finalement, Xavier Bertrand n’est pas plus courageux que les autres, et surtout pas plus stable : voilà qu’aujourd’hui, lui aussi promet de revenir sur la loi Taubira. Juppé semble décidément le dernier recours de la gauche. Si on m’avait dit ça en 1995…

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