Une fois de plus, les États-Unis sont à la pointe de la validation des thèses ardoriennes. À un an d’une élection présidentielle qui s’annonce d’ores et déjà risquée pour Barack Obama, les républicains lancent une offensive politique qui pourrait leur faire remporter la victoire : le changement des règles de vote dans les États qu’ils dirigent depuis les élections de mi-mandat de 2010.
Un tour d’horizon des méthodes employées permet de prendre conscience de leur efficacité probable.
Première série de mesures : des exigences renforcées sur les papiers à présenter. De nombreux États demanderont désormais une pièce d’identité avec photo émise par une autorité gouvernementale ; dans les cinq États où cette mesure est déjà effective, 11% des électeurs, soit 3,2 millions de citoyens, n’en disposent pas. Au Texas, un permis de port d’arme permettra de voter, mais pas une carte d’étudiant. En Caroline du Sud, obtenir une pièce d’identité implique de présenter un certificat de naissance, payant, et que de nombreux Noirs âgés ne possèdent pas.
Un tour d’horizon des méthodes employées permet de prendre conscience de leur efficacité probable.
Première série de mesures : des exigences renforcées sur les papiers à présenter. De nombreux États demanderont désormais une pièce d’identité avec photo émise par une autorité gouvernementale ; dans les cinq États où cette mesure est déjà effective, 11% des électeurs, soit 3,2 millions de citoyens, n’en disposent pas. Au Texas, un permis de port d’arme permettra de voter, mais pas une carte d’étudiant. En Caroline du Sud, obtenir une pièce d’identité implique de présenter un certificat de naissance, payant, et que de nombreux Noirs âgés ne possèdent pas.
Deuxième série de mesures : les modifications du mode de scrutin. Certains États vont par exemple supprimer le vote anticipé, plébiscité par 30% des électeurs en 2008 et qui a tourné à l’avantage de Barack Obama. D’autres, comme l’Ohio, interdisent le vote du dimanche, très populaire chez les Noirs.
Troisième série de mesures : les compléments visant à assurer l’efficacité des deux premiers trains. Citons en particulier le redécoupage électoral, l’alourdissement des formalités, la multiplication des barrières pour les délinquants ayant purgé leur peine, ou même (on croit rêver) les menaces de sanctions pour les associations aidant les citoyens à s’inscrire.
Quelles sont les catégories de la population qui seront particulièrement touchées par ces mesures ? Les jeunes, les membres des minorités, les pauvres, les handicapés : justement ceux qui votent traditionnellement plutôt démocrate. Au total, 5 millions de personnes sont concernées.
Tout porte à croire qu’il s’agit là d’une offensive cordonnée, pour ne pas dire d’un complot : 34 États se lancent dans l’aventure de façon précipitée ; une organisation, l’American Legislative Exchange Council, financée par les milliardaires Koch, bailleurs de fond du Tea Party, la frange radicale des républicains, fournit aux États qui le souhaitent un projet de loi tout fait, qui reprend un texte avalisé par la Cour Suprême en 2008.
Qu’en déduire ? Que c’est toujours la même histoire : la démocratie, ça va tant que le bon peuple vote dans le sens des intérêts des puissants, des riches, des oligarques. Dans le cas contraire, on se dépêche de contourner la volonté populaire. Dès lors, les moyens ne manquent pas : l’Europe n’est pas en reste, qui a fait revoter par les parlements le traité constitutionnel européen rejeté par les peuples en 2005.
Bref, la démocratie, ça n’existe tout simplement pas. Et ça ne peut pas exister, car dans un système qui donne le pouvoir à la majorité, les puissants trouveront toujours le moyen de manipuler ou de contourner, selon les cas, la volonté populaire, pour imposer leur intérêt : ils l’ont fait dès les débuts de la démocratie, dans l’Antiquité grecque, et n’ont jamais cessé depuis. Ne cherchons donc plus de solution dans cette voie : elle a contribué à nous mener à la Crise, et ne saurait nous en faire sortir.
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