dimanche 20 novembre 2011

Windows 7 me casse les [pieds]

Achat d’un nouvel ordinateur oblige (pas par choix, l’ancien est tombé en panne, comme par hasard moins de trois mois après la fin de la garantie prolongée), me voici plongé dans les petites affres de la réinstallation des logiciels. J’ai déjà vécu ça, je devrais être blindé. Seulement cette fois-ci, il faut faire avec Windows 7. J’avais déjà eu un peu de mal à passer à Vista, voilà qu’on m’impose à nouveau l’épreuve. Et ça se passe moins bien que les fois précédentes. J’ai le malheur d’utiliser du vieux matériel et de vieux logiciels (une version de Photoshop dont j’ai le CD et qui a plus de 10 ans, mais qui me va très bien ; une imprimante que j’ai achetée en Écosse en 2006, etc.). Jusque-là, ils fonctionnaient. Maintenant, ce n’est plus le cas. Plus compatibles, me dit-on. Dans certains cas, en cherchant sur Internet ou en bidouillant un peu, j’arrive à trouver des solutions : j’ai récupéré mon imprimante et même son scanner. Dans d’autres, non – il semble que je vais devoir me passer de Photoshop.

Quel rapport avec Tol Ardor, me direz-vous ? Eh bien, il me semble qu’on a là une illustration, certes modeste, mais une illustration tout de même, de certains de nos problèmes, et en particulier de l’idéologie de la croissance.

D’abord, un constat s’impose : par rapport à Windows Vista, Windows 7 ne présente que des évolutions cosmétiques mineures, en tout cas pour un utilisateur non professionnel comme moi. Pour ma part, j’ai donc la franche impression d’être perdant dans le rapport entre ce que je gagne (la possibilité d’avoir un fond d’écran dont les images changent…) et ce que je perds (le temps passé à tout réinstaller).

Mais surtout, je suis effaré de penser que des personnes, sans doute assez nombreuses, utilisent – gaspillent ! – leur temps, leur talent, leur vie, à concevoir la prochaine évolution du système d’exploitation, les gadgets qu’il faudra y introduire pour la rendre attractive aux yeux du grand public, puis à régler les problèmes de compatibilité posés par les anciens logiciels, puis à imaginer de nouveaux logiciels compatibles avec cette nouvelle version. Et que d’autres, ensuite, gaspillent de même leur temps et leur talent à vendre ce nouveau produit, à imaginer les campagnes de publicité qui le rendront indispensable, etc.

Et tout ça pour quoi ? Pour une seule chose, en fait : pour que les consommateurs ne cessent pas de consommer, bref pour soutenir la croissance économique considérée comme une fin en soi. Exactement de la même manière que des gens, de nos jours, sont payés (on croit rêver !) pour faire en sorte que les machines ne durent pas trop longtemps, la course à la nouveauté permanente, à l’évolution sans fin, au changement sans cesse renouvelé, représente non seulement une perte de temps (et d’argent) colossale pour les citoyens lambda, mais aussi une formidable perte d’énergie et de ressources pour la société dans son ensemble.

Enfin, il faut garder en mémoire une évidence : cette perte d’énergie et de ressources à l’échelle sociale et, en fait, planétaire, n’est pas neutre ; non seulement nous perdons du temps et des moyens, mais pour ce faire, nous faisons subir à la nature une pression toujours plus forte, puisque les ressources que nécessite cette fuite effrénée en avant ne proviennent évidemment que d’elle.
Et quand on sait que toute la société non seulement fonctionne comme cela, mais est fondée sur un Système qui ne peut fonctionner que comme cela, on ne s’étonne plus de constater que nous filons vers le gouffre.

1 commentaire:

  1. Jean Daniel Reuss à Rebais16 août 2015 à 21:28

    Je compatis à votre exaspération envers les soucis causés par ces incessants changements informatiques (matériels et logiciels PC) obligatoires.
    D'ailleurs, personnellement j'ai même réussi, à me maintenir avec le système d'exploitation Windows XP (qui est donc plus ancien que les Windows : 2000 - Vista - 7 -8 - 8.1 - 9 - 10 ....etc.).
    Et pour ceux qui ne veulent pas rester dépendant du (...adjectif à choisir) Bill Gates, il reste encore la possibilité de se lancer dans l'aventure LINUX....mais c'est une autre paire de manches.

    Voici quelques commentaires sans prétention.

    ---> Et ça se passe moins bien que les fois précédentes
    *** C'est une règle générale : ces modifications imposées se passent toujours plus laborieusement et plus lentement et qu'on ne le prévoyait ou qu'on ne le voudrait.

    ---> j’ai donc la franche impression d’être perdant ...
    *** Ce n'est pas une impression : vous êtes perdant (en temps, en énergie mentale, en énervement...etc.).

    ---> penser que des personnes, sans doute assez nombreuses,
    *** Il y a des salariés qui travaillent dans l'informatique (domaines du logiciel et du matériel) et qui doivent exhiber des preuves de leurs activités . On considère communément qu'ils ont des professions qui ne sont pas particulièrement pénibles, dangereuses , ennuyeuses...
    *** Il y a aussi des bénévoles, pour qui les inombrales activités procurées par l'informatique sont aussi valables que le jeu d'échecs, le tennis, la broderie, la lecture ou l'écriture de romans...

    ---> utilisent – gaspillent ! – leur temps, leur talent, leur vie, à concevoir la prochaine évolution
    *** Ce n'est pas facile de tout planifier parfaitement ! Le temps, le talent, c'est fait pour être perdus, nous disent quelques esprits blasés pour nous remonter le moral.

    ---> la course à la nouveauté permanente,
    *** C'est un penchant qui n'est pas spécifiquement liée au monde moderne. À rapprocher, sans doute, des phénomènes intemporels de modes, et aussi des bijoux portés pour "en mettre plein la vue".

    ---> pour que les consommateurs ne cessent pas de consommer
    *** C'est que ça n'a pas l'air de leur déplaire, les zigomars ! (j'avais d'abord écrit "les bougres", mais actuellement, c'est maladroit vu le sens ancien.)

    ---> bref pour soutenir la croissance économique
    *** Plutôt, en fait, pour accroître leurs propres bénéfices.

    ---> pour faire en sorte que les machines ne durent pas trop longtemps,
    *** C'est selon les cas particuliers. Il faut considérer le rapport : coût de fabrication/fiabilité, avant de conclure trop vite.
    Et aussi : que ferait-on de locomotives à vapeur inusables, lorsqu'on peut utiliser des locomotives électriques moins polluantes et ayant un meilleur rendement énergétique ?

    ---> puisque les ressources que nécessite cette fuite effrénée en avant ne proviennent évidemment que d’elle.
    *** Par un mécanisme d'autorégulation, la fuite se ralentira ou s'arrêtera d'elle même lorsque les ressource viendront à manquer.

    ---> mais aussi une formidable perte d’énergie et de ressources pour la société dans son ensemble.
    *** Exact, mais le problème principal c'est plutôt de parvenir à une répartition un tout petit peu plus équitable des ressources et de l'énergie.

    ---> à l’évolution sans fin, au changement sans cesse renouvelé
    *** C'est peut-être emblématique de l'histoire de notre humanité terrestre. Vous devez mieux savoir que moi qu'il y avait des tendances, qui n'ont pu se maintenir, dans l'empire chinois moyenâgeux, pour rester immuable.

    ---> on ne s’étonne plus de constater que nous filons vers le gouffre.
    **** J'espère encore que votre prédiction est pessimiste !

    Jean Daniel Reuss à Rebais, le 16 août 2015

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