jeudi 3 novembre 2011

Référendum en Grèce : la démocratie quand ça nous arrange

Coup de tonnerre dans le ciel déjà bien chargé de la politique européenne : alors que Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et quelques autres se félicitaient d’avoir sauvé l’euro en mettant au passage la Grèce sous tutelle, voilà que le premier ministre grec, Georges Papandréou, annonce pour janvier la tenue d’un référendum. Ce ne sont pas les grands de ce monde, politiciens ou financiers, qui décideront de la réalisation ou non du plan de sauvetage, mais les Grecs eux-mêmes – autant dire les premiers concernés, puisque ledit plan leur imposait une cure d’austérité longue et douloureuse, sous la surveillance de l’Europe, des États-Unis et du FMI.

Réaction de l’oligarchie ? A ces mots on cria haro sur le baudet ! Nicolas Sarkozy est consterné et se sent trahi ; le FMI, par la voix de sa présidente Christine Lagarde, menace la Grèce de la priver du moindre sou ; les bourses chutent, les marchés grondent ; jusqu’au pourtant très démocrate journal Le Monde qui affirme que le référendum grec « menace l’euro » et (sic !) « prend le G20 en otage ». Rien que ça.

Que conclure de ces cris d’orfraie ? Que la démocratie – la seule vraie démocratie, c’est-à-dire la consultation directe des peuples pour les décisions importantes – est, de l’aveu même de ceux qui prétendent la défendre, le plus mauvais système possible en temps de crise. Car de deux choses l’une : soit on fait confiance au peuple grec pour prendre la meilleure décision possible, auquel cas il n’est pas besoin de s’indigner ainsi ; soit on ne lui fait pas confiance, mais alors, comme le peuple grec n’est pas plus bête que les autres, il n’y a pas non plus de raison de croire que, de manière générale, les peuples soient les mieux placés pour gérer eux-mêmes et directement les autres crises qu’ils peuvent traverser.

Autrement dit, ces réactions de stupeur et de colère ne font que confirmer toutes les analyses ardoriennes : oui, les masses réagissent plus sur l’émotion que sur la raison ; oui, elles privilégient les solutions de court-terme ; non, elles ne sont pas armées pour gérer efficacement les situations de crise. Est également confirmée l’idée que les prétendus défenseurs de la démocratie sont bien souvent les défenseurs d’un système oligarchique qui n’a de démocrate que le nom : Tol Ardor assume une théorie autoritaire au nom de l’efficacité pour résoudre la Crise multiforme traversée par l’humanité entière, et pas seulement par la Grèce ou la zone euro ; mais au fond, nous ne sommes pas spécialement plus autoritaristes que beaucoup d’autres. Nous sommes surtout moins hypocrites.

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