La veille de Noël, la municipalité d’Angoulême a décidé de
poser des grillages autour de neuf bancs de la ville pour décourager l’installation
de SDF. Face à la polémique, les élus semblent reculer, et les grilles seront
sans doute démontées prochainement.
Ce billet devrait s’arrêter là ; qu’y a-t-il à ajouter ?
Je n’ai pas de mots assez durs pour dire le dégoût, le mépris que m’inspire une
telle mesure. Mais elle n’est qu’un exemple d’une très longue série : en France,
en Angleterre, en Italie, dans tous les pays développés et à toutes les
échelles, on prend des précautions pour chasser les plus pauvres de la vue des honnêtes
gens. Partout, des riches élus par des à peine moins riches prennent des
mesures pour pourrir encore un peu plus la vie de ceux qui n’ont rien. De ceux
pour qui elle est déjà si dure.
Au Moyen-âge, le pauvre était considéré comme une figure
vivante du Christ et une occasion offerte de faire le bien. C’est avec la
modernité, le protestantisme et le triomphe de la bourgeoisie capitaliste qu’on
a commencé à le voir comme une feignasse qui mérite bien son sort.
Que dire ? Qu’ajouter ? Le Christ était un pauvre,
un clochard, un SDF ; un loqueteux à la tête d’une bande de loqueteux, de
punks à chiens de l’époque, dans un peuple de ploucs, de pouilleux, de bouseux.
Nous, chrétiens, sommes habitués à dire que Jésus était « un pauvre parmi
les pauvres », mais nous avons tellement répété cette expression que nous
l’avons magnifiée et que nous avons cessé d’en voir le sens. « Pauvre
parmi les pauvres », ça sonne bien. Mais en réalité, Jésus était un clodo,
tout simplement.
Donc oui, le mendiant qui vous tend la main, c’est l’image
vivante du Christ parmi nous, et lui dire non, c’est dire non au Christ. « Si
quelqu’un dit : “J’aime Dieu”,
mais qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son
frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu, qu’il ne voit pas », nous dit
Jean. « Tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est
à moi que vous l’avez fait », ajoute Matthieu.
Aidez le pauvre, le
SDF, le mendiant qui a faim et froid et qui a besoin de vous. Ne craignez pas
de vous faire avoir par un menteur : ce ne serait pas très grave. Beaucoup
moins grave que de refuser votre aide à quelqu’un qui en aurait vraiment besoin. Dans un pays où nous avons tout, des gens meurent
de faim et de froid. Comment est-ce seulement possible ?
Aimez.
Encore une fois, je ne peux que souscrire entièrement.
RépondreSupprimerEssayons de faire de chaque jour de 2015 une nouvelle aurore .
Aider console et supporte. Oser un regard, un mot, un geste qui rétablit la dignité, de personne à personne. Mais faut aller plus loin et chercher les causes sociales, structurelles, politiques et surtout économiques de ces injustices sociales et changer ces structures humaines pour qu'elles priorisent la dignité humaine, le partage des richesses, une place pour tous et toutes. L'amour de l'autre/Autre nous conduit jusque là.
RépondreSupprimer