Mon avant-dernière chronique s’intitulait « Salauds de pauvres ! ». Ce titre était naturellement ironique. Celui d’aujourd’hui l’est beaucoup moins.
Il semble de moins en moins improbable que la gauche revienne au pouvoir suite aux élections présidentielles et législatives des mois prochains. La présidence de la République à la gauche, voilà 17 ans qu’on n’aurait plus vu ça ! Et comme en 1981, les riches semblent prendre peur. Avec Mitterrand, ils brandissaient le spectre des chars soviétiques sur les Champs-Élysées ; mais les riches d’aujourd’hui sont plus francs, moins hypocrites, plus décomplexés en fait : ils disent clairement que ce qu’ils redoutent, c’est qu’on les taxe davantage. Le résultat est le même : beaucoup semblent prêts à quitter la France si cette perspective devient réalité. Certains ont l’air de s’y préparer de manière très concrète : d’après Le Monde, les agences immobilières belges ou suisses voient affluer des riches affolés en recherche d’un exil sous des cieux fiscaux plus sereins (ou plus accommodants, en tout cas).
Il y a là quelque chose de scandaleux. Plus encore : de répugnant. Ces gens doivent tout à la France : elle les a nourris, soignés, éduqués, leur a donné leurs compétences, souvent leur a permis d’hériter ; ils ont bâti (ou perpétué) leur fortune en France et grâce aux Français. Ils possèdent non seulement bien plus que la moyenne des gens, mais surtout bien plus que ce dont ils ont besoin !
Et le jour où la France va mal, le jour où beaucoup de Français manquent du nécessaire et ne parviennent plus à joindre les deux bouts, ils refusent la moindre aide supplémentaire. On ne leur demande même pas de se sacrifier vraiment : car enfin, ce n’est pas Mélenchon qui a la moindre chance d’être élu ! Hollande n’étant pas précisément une incarnation de l’audace, tout au plus va-t-on leur demander de donner un peu plus. De quoi devront-ils se priver ? Concrètement, de rien. Peut-être qu’ils pourront, ces années-là, amasser un peu moins, ou investir un peu moins, bref gagner un peu moins ; mais au quotidien, le PS ne fera jamais passer une mesure qui les taxerait suffisamment pour les empêcher de changer de Ferrari.
Mais même ce petit peu, ils ne veulent pas. Ils ne veulent rien donner. Rien.
Qu’est-ce qu’on peut en dire ? Que pour eux, la fraternité, la solidarité ne sont plus que des mots creux, sans signification. Qu’ils ne pensent plus qu’à eux, ayant sans doute pleinement intégré « l’idéal » de compétition et de concurrence entre les hommes.
On ne pourra pas y faire grand-chose. S’ils veulent partir, ils partiront. Mais il ne faut pas s’étonner que certains candidats à la présidentielle proposent de tout leur prendre. Il ne faut pas non plus s’étonner que les gens votent pour d’autres candidats, tout aussi extrêmes, mais dans un autre sens. Et comme ces candidats du (vrai) changement (en bien ou en mal, d’ailleurs) ne seront pas élus, il ne faudra pas s’étonner qu’un jour des gens finissent par se dire que les choses ne changeront qu’avec la violence. Plus le niveau d’inégalité sera élevé, plus la violence aura des chances d’advenir, et plus elle sera forte.
L’Angleterre a fait sa révolution à un moment où le niveau des inégalités n’était pas encore très fort. On n’y a pas coupé beaucoup de têtes. La France a fait la sienne presque 150 ans plus tard, alors que les inégalités étaient devenues abyssales et insoutenables. On y a coupé beaucoup, beaucoup de têtes.
Je ne dis pas que c’est ce que je souhaite : la peine de mort ne me semble jamais être une solution. Mais il faut être lucide. Les gens ont une capacité finie de résister, d’endurer, de supporter.
Héhéhé. T'as vu comme F. Hollande fait la chasse aux riches ? Ils vont finir par faire une attaque, ou pire, s'étouffer (à force de se goinfrer, hilares, devant ses allocutions télévisées).
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