Vers le début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy a commencé à faire la danse des sept voiles aux écologistes : le Grenelle Environnement, en particulier, a été lancé dès septembre 2007 et a immédiatement été l’objet d’une mise en scène spectaculaire visant à assurer sa publicité : Nicolas Sarkozy dirigeait le premier gouvernement vraiment écologiste de l’Histoire de France, qu’on se le dise !
Bien sûr, c’était du flan, et tous ceux qui étaient un tout petit peu malins ou lucides l’ont parfaitement vu tout de suite. De manière générale, le monde de l’écologie radicale, d’ailleurs pas invité à participer aux discussions, n’a pas cédé à l’opération de charme. D’autres sont tombés dans le panneau ; on se demande un peu comment, étant donné que les signes annonciateurs ne manquaient pas. Dès le départ, la question du nucléaire était taboue et ne devait même pas être abordée. Et vu la manière dont étaient constitués les groupes de travail et prises les décisions, il était facile de comprendre que la montagne ne pouvait accoucher que d’une souris (voire d’une musaraigne).
Mais passons. Il n’empêche que quelque chose de nouveau se produisait : certes, on n’aboutirait à rien, mais enfin, on débattait ; la droite au pouvoir organisait un spectacle, un show. C’était une vraie nouveauté : d’ordinaire, la droite était auparavant plutôt sceptique, voire goguenarde, quand on abordait la question de l’écologie ou de l’environnement ; qu’elle organisât en 2007 même un simulacre de débat était la preuve qu’un tournant avait été pris.
Mais une question demeurait : ce tournant avait-il été pris de manière profonde, mesurée, réfléchie, pesée, parce que Nicolas Sarkozy était vraiment convaincu de l’urgence écologique ? Ou bien n’était-ce que pour agir dans le sens du vent, et ne pas perdre le nombre croissant d’électeurs préoccupés de l’avenir de l’environnement ? Beaucoup ont voulu croire à la première réponse ; je pariais sans hésitation sur la seconde.
La suite m’a donné raison. En 2009, le président avait prévu un remaniement ministériel pour après les élections européennes. Il est de notoriété publique que Claude Allègre, pas vraiment connu pour être un grand écologiste devant l’Éternel, y avait sa place. Sarkozy a dû reculer devant les 16,28% de voix obtenues par Europe Écologie/Les Verts. Elles ne l’ont pas empêché, en revanche, d’abandonner les unes après les autres les décisions prises au Grenelle Environnement, sous la pression des lobbies qu’elles gênaient. Et puis notre Sarko national s’est mis à s’adresser aux agriculteurs, aux chasseurs, à dire que l’écologie, « ça commençait à bien faire », et que la préservation de l’environnement « ça n’est pas empêcher quiconque de faire quoi que ce soit » (ah bon) et qu’il fallait « absolument lever le pied de ce point de vue ».
Nicolas Sarkozy est donc une girouette : il indique le sens du vent, mais semble incapable d’une conviction forte et réelle en quelque matière que ce soit. On pourrait rapprocher cela d’autres thèmes, comme l’économie, pour laquelle il semble passer sans le moindre problème de l’ultralibéralisme au marxisme selon la crise du moment.
Selon, surtout, l’opinion des électeurs. Le but est évidemment là : favoriser sa réélection. Mais qu’est-ce qu’un homme politique qui fait fi de toute conviction uniquement dans le but d’assurer sa puissance ? C’est d’abord quelqu’un qui n’a rien compris à ce que devrait être la politique.
Bien sûr, il n’est pas le seul. Dans le système actuel, les hommes de conviction sont rares, et surtout ils ne parviennent jamais au pouvoir. Mais ce qui est étonnant, c’est d’une part que tant de gens continuent de voter pour des personnes qui s’exposent à un ridicule aussi poussé, comme si on leur demandait d’élire non un leader, mais le clown pour le prochain spectacle du cirque d’hiver ; et d’autre part, que tant de gens continuent de mettre leur foi et leur espoir dans un système qui tend avec autant de constance à porter au pouvoir des hommes aussi médiocres.
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