mardi 28 mai 2013

Mariage pour tous : blessure et guérison de la communion dans l'Eglise

Telle une infatigable araignée, je parcours la Toile, et ce que j’y trouve en ce moment me fait peur. À présent que la loi Taubira a été votée, validée, promulguée, certaines langues se délient, et je prends la mesure de la souffrance qui déchire l’Église catholique.

Pour qu’on ne m’accuse pas de partialité, je veux bien dire un mot de celle, que je ne nie pas, de mes adversaires et pourtant frères en Christ (ou est-ce le contraire ? je ne sais plus) : les opposants au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels. Ils se sont sentis méprisés par le gouvernement, pas écoutés, pas pris en compte. On les aurait même gazés (euuuh…). D’accord, ils souffrent, ça leur fait mal de penser que des enfants vont se retrouver la proie de couples homosexuels. Admettons.

Mais leur souffrance, au moins, n’est que vis-à-vis du gouvernement, de l’État, de la société, de l’air du temps, de tout ce qu’ils veulent, mais pas de leur Église. Leur Église les a soutenus, encouragés, excités à la protestation, à l’action, aujourd’hui peut-être à la désobéissance civile. Ils ne peuvent que se sentir en pleine communion avec les autorités catholiques, tant ces autorités ont fait leur le combat contre la loi Taubira.

Et nous, pendant ce temps ? Nous, catholiques pleinement favorables à cette évolution sociale, nous avons dû endurer la double souffrance, le double mépris. Mépris des non chrétiens d’une part, qui ne nous voyaient plus que comme les suppôts d’une Église rétrograde, intolérante, dangereuse, qui ne comprenaient pas que nous restions, et qui comprenaient notre refus de la quitter comme une acceptation muette de son homophobie ; et mépris de la majorité des catholiques d’autre part, qui nous considéraient selon les cas comme des traîtres, des débiles, des irresponsables ou des pervers, et surtout ne nous considéraient plus comme des catholiques. À moi, on m’a très explicitement signifié qu’il aurait été préférable que je ne me convertisse jamais au catholicisme si c’était pour changer l’Église, et que si je n’étais pas content et ne voulais pas obéir au pape, je n’avais qu’à aller chez les protestants.

J’en ai souffert, et pourtant je suis habitué à ce que mes opinions politiques me fassent mal voir de tous les camps, et donc à prendre des coups de tous les côtés à la fois. Cette fois-ci, c’était différent : la violence verbale, l’agressivité ne venaient pas seulement d’individus, elle venait de l’institution même qui m’avait accueilli et dont je me reconnaissais. On considère en général comme normal d’être rejeté par les autres ; mais il est toujours difficile d’être exclu par les siens.

D’autant que l’exclusion dont nous avons eu à souffrir de la part de l’Église a pris une forme bien particulière. De tous temps, l’Église a su imposer le silence à ceux qui s’écartaient de la ligne. D’abord elle l’a fait par la mise à mort des déviants, puis par leur bannissement de l’institution. Aujourd’hui, elle a compris que la devise des dictatures (« ferme ta gueule ») est infiniment moins efficace que celle des démocraties (« cause toujours ») ; aussi traite-t-elle ses hérétiques par l’indifférence. Or, il n’est rien de pire. « Tout mais pas l’indifférence », chantait Goldman. Ô si juste phrase. Quand on vous combat, quand on vous insulte, quand on se moque de vous, on reconnaît que vous existez. L’Église a fait tout le contraire : elle a combattu la loi Taubira et ses partisans, mais elle a agi exactement comme si, en son sein, l’opposition à cette loi faisait l’unanimité. Il n’y a rien de plus insupportable que de se voir ainsi nié dans son existence même.

Car nous existons. Un sondage IFOP réalisé en août dernier montrait que 45% des catholiques pratiquants soutenaient le droit pour les couples homosexuels de se marier, et que nous étions encore 36% à être favorables à l’adoption pour ces mêmes couples. Même en tenant compte de la marge d’erreur (estimée au maximum à 3,1% sur cette étude), et même en admettant que ces chiffres aient un peu baissé depuis, cela prouve que nous sommes, à tout le moins, une forte minorité au sein de l’Église catholique.

Comment, dans ces conditions, avons-nous pu être aussi peu reconnus et entendus ? S’il faut chercher à comprendre le début de la crise, je crois qu’il faut remonter à la prière du 15 août demandée par le cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris et alors président de la Conférence des Évêques de France. Quelque chose a commencé à se casser dans l’Église à ce moment-là, et la fracture a été ensuite élargie, la plaie empêchée de cicatriser, par l’autisme de l’Église envers nous. Là encore, André Vingt-Trois a joué un rôle important dans ce mutisme à notre égard, car il n’ignorait pas, il ne pouvait pas ignorer, qu’il récupérait de force toute une frange des catholiques français, pour les enrôler contre leur volonté dans son combat rétrograde. A ce double titre, sa responsabilité sera lourde devant l’Histoire. Mais bien d’autres évêques en portent aussi leur part. J’ai écrit à l’évêque de Toulouse, à l’évêque de Tarbes, à l’évêque de Lyon en plus de celui de Paris ; aucun ne m’a jamais répondu.

Il y a donc eu rupture de la communion ecclésiale, et cette cassure est toujours entre nous. Elle me préoccupe bien davantage que les divisions de la société française dans son ensemble qui se sont révélées à la faveur de cette loi, car la société française, malgré un affaiblissement progressif, me semble infiniment plus à même de résister à ces tensions et de reconstruire une unité réelle que ne l’est l’Église. L’Église en Europe est fragile, pire : elle est malade, mourante peut-être. Un mort qui parle, un mort debout, me soufflent certains de mes amis, catholiques pratiquants eux aussi.

La question est donc de savoir comment réparer cette coupure, si tant est qu’elle soit encore réparable.

En parcourant le Net, en discutant avec mes amis, j’ai un double sentiment. D’une part, je crois que beaucoup ont ressenti la même souffrance, la même douleur que moi, souvent même de manière bien plus violente (le manque de pratique, sans doute). Je ne compte plus les témoignages de catholiques pratiquants, souvent homosexuels, mais pas toujours, qui n’en peuvent plus, qui ne se reconnaissent plus dans cette Église et qui sont déchirés entre la volonté de rester et le désir de partir. Rien que cela devrait poser question : l’Église se veut une mère pour les baptisés ; eh bien je ne crois pas qu’une mère devrait traiter ainsi certains de ses enfants.

Mais d’autre part, et c’est peut-être le pire, j’ai aussi l’impression qu’une bonne partie des catholiques, hiérarchie incluse, n’ont pas encore pris la mesure de cette souffrance. Pour beaucoup, on a l’impression que le combat contre la loi Taubira, même s’il a été perdu, a été positif, parce qu’il aurait permis aux catholiques de se décomplexer, d’apparaître dans l’espace public, de clamer leurs valeurs au nom de leur foi, et surtout de présenter un visage jeune, dynamique, combatif, innovant sur la forme à défaut de l’être sur le fond. Cette vision des choses est une illusion dangereuse qui ignore le long terme : non seulement elle ne peut qu’aggraver l’isolement de l’Église par rapport au reste du Monde, et donc empêcher l’annonce de la Bonne Nouvelle (qui devrait tout de même rester notre mission première) ; mais surtout, elle ne peut que pousser encore plus dans l’ombre, dans le silence, dans l’inexistence, donc vers la sortie, tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans ce combat.

Pour ma part, je crois que si l’on veut espérer reconstruire quelque chose, deux conditions sont nécessaires :

1/ La première, c’est que les catholiques opposés à la loi Taubira, même s’ils sont majoritaires, acceptent leur défaite et baissent les armes. Car tant qu’ils garderont leurs glaives dressés, nous ne pourrons pas baisser la garde. Tant qu’ils réclameront le retrait de la loi, ou même sa réécriture pour revenir à une union civile sans adoption, et tant qu’ils seront soutenus dans cette demande par une partie de la droite, soucieuse de récupérer quelques voix, nous sentiront une épée de Damoclès au-dessus de ces droits nouveaux pour lesquels nous nous sommes battus. Et la méfiance, l’hostilité demeureront au sein de l’Église.

2/ La seconde, c’est que les autorités catholiques reconnaissent publiquement, sans ambiguïté, que la question ne fait pas consensus parmi les fidèles, et cessent en conséquence de soutenir un camp contre l’autre. Car tant que nous nous sentirons niés ou rejetés par notre Église, il nous sera difficile de nous débarrasser de la rancœur qui nous habite.

Ces deux conditions peuvent-elles être réunies ? Comme je l’indiquais dans un de mes derniers billets, cela dépendra largement des évêques. Qu’ils remplissent la seconde, et ils pourraient bien faire enfin passer à autre chose ceux des opposants à la réforme qui ne sont pas trop fanatiques, entraînant de facto la réalisation de la première. Qu’ils ne le fassent pas, et les tensions peuvent se maintenir pendant des années aussi bien qu’elles peuvent se tasser doucement. Mais il se pourrait bien, comme le pensent certains de mes amis, que plus rien ne soit comme avant.

Jusqu’à présent, l’Église n’a presque jamais changé toute seule, de l’intérieur. Elle a eu besoin des hérésies antiques pour fixer son dogme, puis du protestantisme pour faire les réformes du Concile de Trente, puis de la pression de la société civile pour faire celles de Vatican II. En ira-t-il autrement dans cette crise, ou faudra-t-il encore des schismes, des hérésies, des départs pour faire prendre un virage à ce trop lourd paquebot ? À ce jour, je n’exclus rien ; ce serait insulter l’avenir.

16 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour cette analyse que je partage. J'ajouterai cependant que le problème essentiel dans cette affaire reste le regard posé sur l'homosexualité par le magistère. Comme le catéchisme ne reconnait pas et même condamne le fait que deux personnes de même sexe puisse s'aimer (y compris dans la dimension charnelle de cet amour), les opposants catholiques à la loi ont trouvé là la preuve du bien-fondé de leur combat. Ils se déclarent non homophobes car ils feraient la différence entre le péché et le pécheur... Or approuver la position officielle de l'Eglise sur l'homosexualité est une forme d'homophobie. Compatissante etc.. mais homophobie quand même.. C'est bien pour cela que la grande partie de nos frères catholiques opposés au mariage pour tous ne veulent pas même d'une union civile qui seraient une légalisation du péché. Pour faire évoluer l'enseignement de l'Eglise sur le sujet, il faudra avant tout une réforme ecclésiologique car actuellement une telle décision devrait être prise de Rome et s'appliquer partout dans le monde.. Or c'est impossible.. Quand notre Eglise sera revenu à un fonctionnement plus décentralisé où les laïcs aient un vrai rôle dans le processus de gouvernement (synodes, élections etc), alors là des débats comme celui qui nous occupe auraient pu avoir lieu et ouvrir la voie à des évolutions...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je partage entièrement votre analyse. Je suis d'ailleurs en train d'écrire un essai qui la développera de manière un peu plus longue, en explorant à la fois les conditions nécessaires à un changement ecclésiologique, les conséquences possibles d'un tel changement et les moyens à mettre en œuvre pour y aboutir.

      Supprimer
  2. monsieur croyez vous a la Parole de Dieu etre chrétien c'est se soumettre a Jésus Seigneur pas juste Sauveur , Ma parole est la vérité a dit Jésus , mais j oubliais vous avez manger de l arbre de la connaissance du bien et du mal vous etes deveneus comme Dieu sachant ce qui est bon ou mauvais vraiment vraiment grave avec tout le respect que je vous dois monsieur.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour, je n'ai jamais lu dans aucun des évangiles que le Christ demandait à ce qu'on lui soit soumis... Merci de m'indiquer à quelle parole du Christ rapporté par les évangiles (et non pas une quelconque déclaration ultérieure d'un prélat) vous faîtes allusion afin de m'éclairer. Que la paix du Christ règne parmi les hommes.....

      Supprimer
  3. Merci pour ce texte que je partage totalement. B Papleux.

    RépondreSupprimer
  4. @ Anonyme, l'Evangile n'est pas un manuel de morale: la vérité est toujours à chercher...

    RépondreSupprimer
  5. Cher ami, savez-vous que défendre le mariage homosexuel ou l'avortement est une cause d'excommunication ? Sans aller jusque là, il vous faudrait entendre que la vérité est ou n'est pas, et la parole de Dieu est très clair sur ce sujet. Trouvez-moi UN texte, UNE parole de Dieu qui justifie l'homosexualité ? Certes Dieu est miséricorde et aime chaque homosexuel, et nous appelle à voir en chacun d'entre eux un frère en Christ. La Miséricorde appelle à aimer le pêcheur, pas le péché. En faisant l'apologhe du péché vous êtes seulement en dehors de la foi chrétienne. C'est votre droit, mais ayez au moins le courage d'assumer vos opinions et cesser de vouloir transformer l'Eglise en votre image au lieu de la vouloir à l'image de Dieu.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Encore faudrait-il être certain que l'homosexualité soit un péché, c'est-à-dire qu'elle soit contraire à la Volonté de Dieu. Pour ma part, je ne le pense pas ; je crois même que l'homosexualité fait partie intégrante du Plan divin.

      Évidemment, vous allez me sortir les Écritures, Sodome et Gomorrhe, la vision qu'a saint Paul de l'homosexualité. Permettez-moi d'être sceptique. Si on va par là, l'esclavage, parfaitement validé tout au long de l'Ancien Testament, serait donc bien moins contraire au plan divin que l'homosexualité ? Même si on en reste au Nouveau Testament, saint Paul, pour ne parler que de lui, affirme aussi l'infériorité de la femme par rapport à l'homme, et interdit aux hommes d'avoir les cheveux longs...

      Bref, que des passages de la Bible, particulièrement les Évangiles, soient d'inspiration divine, c'est pour moi une évidence. Mais il ne faut pas croire que ce soit le cas de tous les textes bibliques.

      A vos yeux, cette opinion fait sans doute de moi un hérétique. Peut-être irez-vous jusqu'à dire que je ne suis pas vraiment chrétien. Bah. Vous n'êtes ni le premier ni le dernier à m'anathématiser de la sorte... Tant que d'autres chrétiens me reconnaissent comme tel ! je suppose qu'on ne peut pas plaire à tout le monde.

      Supprimer
    2. Cher Anonyme, voici ce que la Bible nous dit, dans le livre du prophète Ezéchiel au chapitre 16, verset 49 : "Voici quel fut le crime de Sodome ta sœur : l’orgueil, l’abondance et l’insouciant repos où elle vivait avec ses filles, et elle ne soutenait pas la main du malheureux et de l’indigent."
      Comme quoi, les "sodomites" ne sont pas les gens visés par cette insulte, mais bien la plupart des gens qui l’utilisent…
      Loquito

      Supprimer
  6. Je n'ai jamais compris comment un chrétien pouvait se targuer de détenir une vérité qui puisse s'exprimer sous la forme d'une loi intangible. Ceci est contradictoire avec le message des Evangiles. Mais est tout-à-fait conforme à la structure d'organisation des superstitions que l'institution catholique semble incarner.

    L'Eglise doit vivre - et c'est pour elle un problème redoutable - d'un discours dont la radicalité passe par le chemin de la Loi et de la réforme de la Loi au nom de l'amour. Elle est soumise à la tentation permanente d'user de la loi comme d'un refuge. Utiliser le texte biblique (ou la moindre de ses éxégèse, ou le moindre élément d'un corpus traditionnel) comme d'une injonction à imposer telle règle commune aux homme du seul fait qu'elle appartient au texte, c'est user de la loi comme d'un instrument de défense de ses propres espaces de confort, au détriment de l'accueil, de la faiblesse, de l'humilité de qui ne sait de quoi dieu est fait.

    Une église puissante, comme l'est son incarnation aujourd'hui, est une église errante, qui fait, stricto sensu, le jeu de cela même qu'elle dit exécrer, le Prince de ce Monde. L'ancre de l'Eglise, je l'ai toujours espérée dans sa faiblesse en tant que pouvoir mondain, sa force en tant que corps mutable, se cherchant, ouvert aux aléas de la création, ignorante des projets de dieu, sinon de ce que sa participation passe par l'amour non pas nominal des lois, mais effectif du service quotidien.

    Le désaccord en son sein est inévitable. Mais l'affirmation de la loi contre le désaccord, l'écrasement de la diversité des paroles, l'absence total d'humilité quant au savoirs des buts suivis par dieu, l'idolâtrie des textes, l'idolâtrie de sa propre histoire, rien de tout cela ne sert l'Eglise, rien de tout cela ne sert dieu. Mais bien la vanité, la colère, l'appétit, la paresse des hommes et des clochers.

    En vérité, si elle devait se restreindre à cet outil de propagande passéiste et autoritaire qu'incarne l'autorité vaticane, je serais depuis longtemps devenu anti-calotin. Si contre la plupart des gens autour de moi, je la défends encore, c'est bien que s'y trouvent des gens tels que vous - brave new world that has such people in it - et le trésor au coeur de certains moines. Cela mérite d'être préservé - à mes yeux tout au moins, qui ne suis pas chrétien au sens strict. Le fatras administratif, doctrinal, la gestion de la haine et des zones de conforts réactionnaires ne mériteraient pas un regard, pas une pensée, n'y étions-nous hélas soumis. En tous les cas, ils découragent drastiquement mon hypothétique conversion - car je ne parviens pas encore à aimer ce corps grouillant de sentiments odieux du seul fait qu'il luirait, au travers, et jusque dans lui, de l'amour infini du Christ pour le monde.

    Merci donc de continuer à témoigner, contre vents et marées, mais là où souffle l'Esprit, de ce que l'amour qui meut le soleil et les autres étoiles n'est pas un vain mot, malgré la fatuité des puissants et la malévolence des ignorants.

    (aucune majuscule à dieu. Aucune puissance politique. En général, même, j'y adjoint des parenthèses, mais c'est alors en contexte mystique.)

    RépondreSupprimer
  7. Il manque un 3/ dont je considère qu'il devrait en 1/ : un message d'amour ou de repentance, voire une demande de pardon aux homosexuels insultés, méprisés, acculés au suicide, marginalisés par la faute de votre église depuis la nuit des temps. Mais peut-être est-ce trop demander, les catholiques parlent entre eux et les homosexuels sont juste bons à leur servir de projectiles.

    Un futur apostasié, enfin !

    RépondreSupprimer
  8. 1° réponse à "Anonyme, du 29 mai 2013 15:38" : non, défendre le mariage homosexuel n'est pas en soi et de manière suffisante une cause d'excommunication (contrairement à l'avortement). Les causes d'excommunication sont très limitées dans le droit canonique contemporain (la pratique de l'acte homosexuel non plus, d'ailleurs, et elle ne l'était déjà pas dans le droit canonique ancien). Et bien évidemment - mais vu ce qu'on lit un peu partout, il n'est pas forcément inutile de le rappeler - cela n'a rien à voir non plus avec une quelconque hérésie. D'ailleurs, l'Eglise s'est bien gardée de placer le débat sous l'angle du droit canonique ou de la théologie, y compris en son propre sein pour confondre les zaffreux cathos qui sont pour la loi Taubira. Sans doute, comme le dit Meneldil, parce qu'elle a choisi l'indifférence, ce qui est au moins aussi blessant, mais aussi parce qu'elle savait parfaitement qu'elle ne pouvait pas attaquer sur ce plan-ci. Sauf à réécrire le code de droit canonique. (Le cas du prêtre brésilien récemment excommunié est plus complexe que cela).

    2° Meneldil Palantir, comme souvent je trouve votre billet fort juste. J'ai écrit dernièrement au curé de ma paroisse, qui se trouve être un grand ami, et a catégoriquement refusé que les églises dont il a la charge soit des tribunes anti-mariage gay, pour lui évoquer cette "indifférence violente" que l'Eglise nous a opposée. Cela fait des semaines que je m'interroge sur "l'après", et je me rends compte que je suis en colère contre mon Eglise, certes sur le fond, mais aujourd'hui encore plus sur la manière dont elle nous a ignorés, nous cathos favorables à cette loi. Comme je l'ai écrit à cet ami : "Le problème n’est décidément pas le désaccord, mais le mépris. L’Église défend sa propre position en disant qu’on peut aimer et critiquer, et plus encore critiquer parce qu’on aime. Mais quel espace laisse-t-elle, alors, à ceux qui l’aiment et pourtant veulent faire entendre une autre voix que celle de sa hiérarchie sans pour autant se voir remis en cause dans leur foi (et dans leur intelligence, mais on peut éventuellement considérer ça comme secondaire…) ? Quelle capacité a-t-elle à entendre qu’elle a blessé nombre de ses membres, ces derniers mois ?"

    Espérons.

    RépondreSupprimer
  9. Merci beaucoup pour votre texte. Je fais partie de ces catholiques terriblement triste de cette mobilisation contre le mariage gay. Je n'arrive même pas très bien à comprendre pourquoi une telle peur ? Car je crois que c'est bien de peur dont nous sommes témoins. Peur de notre liberté, de nos ambiguïtés, de notre humanité tout simplement. Confiance.
    Christine Simon (je me mets dans la catégorie anonyme car je ne comprends les autres profils)

    RépondreSupprimer
  10. J'ai ce sentiment très profond qui m'habite d'une Église Catholique de France qui a atteint avec cette histoire de mariage un point de non-retour. J'en veux terriblement au Cardinal 23 d'avoir ouvert une brèche dans laquelle tous les "fourre-tout" et les poubelles nauséabondes se sont engouffrés, bousculés. Le cardinal a dégainé le premier, tous les autres ont tirés à sa suite, se sentant protégés par la responsabilité et l'autorité du premier.
    J'ai mal à mon Église.
    Une blessure profonde lui a été infligée qui met à mal la communion. Nous dirigeons-nous vers les prémices d'un nouveau schisme ? Je ne le souhaite pas, bien entendu, mais l'envisage cependant. Je ne vois pas ce qui peut mettre un baume sur ces plaies béantes, même s'il y a beaucoup de thèmes par ailleurs avec lesquels je suis en profonde communion avec mon Eglise. Elle est pour moi une communion de personnes bien avant d'être une institution. Mais existe t-elle cette communion de personnes assemblées autour d'une Eucharistie dès lors qu'on a entendu les paroles sordides, dont certaines émanaient des plus hautes autorités ecclésiales ? Et si je crois nécessaire la présence d'un cadre pour organiser cette communion, elle doit avant tout redevenir communionnelle et fraternelle avant d'être partisane. L'Église devrait être un instrument de communion et de fraternité et non une institution à la pensée unique. Rassembler autour des valeurs de l'Évangile et ne pas diviser au nom de funestes pouvoirs.
    Aussi, à mon petit niveau, je me dis que je dois essayer d'être un témoin d'espérance, un vecteur de communion et de bénédiction, car, comme le dit cette prière de la Communion Béthanie, "Il dit du bien de nous, Celui dont le Nom n'est qu'Amour, Père, Fils et Saint Esprit. (http://communionbethanie.blogspirit.com/archive/2006/03/18/priere-de-la-communion-bethanie.html)

    RépondreSupprimer
  11. Chers tous,

    A vous lire, l'Eglise n'est plus bonne à rien. A vous lire, Elle ne vous mérite plus. A vous lire, Elle serait devenue le Mal que vous semblait pourtant avoir décidé d'ignorer, parce que vous comprenez, le Diable n'existe pas, tout comme l'Enfer : c'est une histoire pour les enfants...

    Eh bien soit, retirez vous de l'Eglise, plutôt que d'essayer de la changer chacun à votre manière sans trop savoir pourquoi, ni comment, ni dans quel but - mais en affirmant une seule chose : que cela doit être fait au nom de Divine Liberté, la même qui massacra tant et tant de saints, de justes, d'âmes pures, aimantes, pieuses et silencieuses...

    Alors vous serez officiellement de l'autre côté de la ligne - car qui n'est pas avec Lui est contre Lui selon Ses propres mots - vous serez, au pied de la Croix, avec ceux qui hurlent et crachent plutôt qu'avec ceux qui prient.

    Et individuellement, vous chercherez, et n'aurez trop de mal à trouver, une autre chapelle. Car les brebis égarées et amères sont bien faciles à convaincre. Alors, vous viendrez grossir les rangs de ceux qui pensent savoir, qui préfèrent contester, affirmer et démontrer, émettre des hypothèses et interpréter plutôt que de faire confiance.

    Rappelons si vous le permettez que l'Eglise est l'épouse du Christ et La renier c'est Le renier Lui.

    Quant aux propos concernant la Vérité, énoncés par une personne qui souhaiterait être chrétien, ou plutôt qui est sensible au fait de l'être, mais pas trop parce que c'est trop has been, mais un peu quand même parce que c'est pas si idiot etc... Permettez moi de vous renvoyer aux fondements mêmes du cathéchisme :
    - l'Eglise catholique repose sur le Ecrits (Ancien et Nouveau Testament) ET sur la Tradition (orale ou écrite que conserve justement l'Eglise et ses représentants) - les protestants eux ne s'attachent qu'aux écrits et à leur libre interprétation comme beaucoup réunis sur ce blog semble-t-il... C'est dire si le débat est biaisé !
    - il n'existe qu'une seule Vérité, sinon on ne se prétend pas croyant.. on n'est seulement "convaincu que la version chrétienne est la plus probable"... une position pas sérieuse en somme... et qui mérite, ne vous en déplaise, de vous opposer un rictus amusé à la lecture de vos critiques qui n'engagent que vous puisqu'il ne s'agit pas de Foi, mais de sensibilité, ou à peine d'un intérêt pour la question. Vous ne faites que proposer un avis dans un débat d'idées ouvert, un dialogue de comptoir.

    Continuez à écouter ces poètes libres penseurs qui vous chantent leur version de l'amour et du bonheur sur Terre - ils sont sûrement plus crédibles que l'Homme qui se disait Dieu et qui est mort sur une Croix pour vous sauver, Lui qui ne vous promet pas le bonheur dans cette vie, mais dans l'autre !

    En Union de Prière avec ceux qui en connaisse encore le sens !

    RépondreSupprimer
  12. On pourra ajouter ceci :

    Le pape cite son saint patron, François d’Assise, qu’il présente en ces termes : « un saint très célèbre qui a si profondément aimé Dieu et chaque être humain au point d’être appelé le ‘Frère universel’ ». Voici ce que le Poverello répondit, en 1219, au sultan d’Egypte, Malik al-Kâmil qui lui déclarait : « Votre Seigneur vous a enseigné dans ses évangiles que vous ne deviez pas rendre le mal pour le mal, et aussi d’abandonner le manteau… Alors les chrétiens devraient-ils bien ne pas envahir mes États, n’est-ce pas ?”. Le saint fit cette réponse : « Vous ne semblez pas avoir lu l’Évangile de Notre Seigneur le Christ tout entier ; car il est dit par ailleurs : ‘Si ton œil te scandalise arrache-le et jette-le loin de toi…’ Il a donc voulu par là nous enseigner qu’il n’est homme qui nous soit si cher ou si proche parent, quand bien même nous serait-il aussi précieux que notre œil, s’il paraît se détourner de la foi et de l’amour de Notre Seigneur, nous devons nous en séparer, l’arracher le rejeter loin de nous. C’est pourquoi les chrétiens ont eu raison d’envahir les terres que vous occupez parce que vous avez blasphémé le nom du Christ et que vous avez soustrait à son culte tous ceux que vous avez pu. Mais si vous vouliez connaître notre Créateur et notre Rédempteur, les confesser et leur rendre hommage, les chrétiens vous chériraient comme ils se chérissent entre eux.” (Récit du frère qui accompagnait saint François lors de cette entrevue, rapporté par saint Bonaventure) – Saint François distingue bien ici le rejet de l’erreur et l’amour pour ceux qu’il souhaite pouvoir chérir, à condition qu’ils reconnaissent le Christ.

    RépondreSupprimer