Dieu sait que je n’ai jamais été un grand allié des Gilets
jaunes. J’avais écrit un premier article, au tout début du mouvement, pour dire
tout le mal que j’en pensais. Un mois plus tard, j’avais apporté quelques nuances, mais qui n’altéraient pas le fond de mon hostilité.
De ce point de vue, d’ailleurs, rien n’a vraiment changé.
J’avais dit dès le départ que ce mouvement tombait à un moment où le rapport de
forces était favorable au gouvernement, qu’il ne pouvait pas le faire reculer,
ni a fortiori le détruire. Les soi,
les violences contre des biens matériels, des vitrines et des distributeurs
automatiques ne me gênent pas – celles contre des œuvres d’art, des statues et
des monuments historiques si, en revanche – ; mais j’avais prévu dès le
départ que le pouvoir en profiterait pour serrer les vis. La suite m’a donné
raison : la seule fois où les manifestants ont cassé la porte d’un ministère,
ils n’ont rien su en tirer, alors que ça a été le seul moment du mouvement qui
aurait pu déboucher sur quelque chose ; et à côté de ça, on s’est retrouvé
avec des capacités accrues pour l’administration d’enfermer les gens ou de leur
interdire de manifester sans passer par la justice.
De même, sur le fond des revendications, je n’ai pas changé
d’avis avec le lever et le coucher de quelques soleils. Le Référendum
d’Initiative Citoyenne me semble toujours la même bêtise pour toujours les
mêmes raisons – et ne parlons même pas de la revendication initiale d’une
essence à bas prix.
Et pourtant, chaque mois qui passe depuis un an, je me sens
plus proche des Gilets jaunes, pas dans ma tête, mais dans mon cœur. Il y a
d’abord eu le mouvement des « Foulards rouges », qui prétendait
s’opposer aux dérives des Gilets jaunes, et qui m’a fait dire que si je n’étais
pas du côté des seconds, j’étais encore bien moins de celui des premiers :
en fait, les Foulards rouges m’ont donné une vraie sympathie pour les Gilets
jaunes. Et depuis, le gouvernement semble s’acharner à vouloir faire de même.
Je ne les rejoindrai pas sur les ronds-points, mais je vois
de moins en moins des gens qui revendiquent des trucs idiots avec des méthodes
contre-productives ; à présent, je vois des pauvres gens qu’on empêche de
manifester par des lois et des méthodes répressives qui suent de plus en plus
la marche vers le totalitarisme (un autre truc que j’annonce depuis très
longtemps, et qui se confirme, décidément). Sans parler d’une arrogance bien
déplacée de la part des élites économiques et politiques qui nous gouvernent et
qui se montrent incapable d’affronter la Crise que nous traversons, ou même de
la comprendre, arrogance qui me porte sur les nerfs.
Bref, ce que propose le peuple, ça craint. Mais ce que
font les élites, ça pue. On est mal barrés.
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