samedi 1 septembre 2012

Nucléaire : et si... ?

Les défenseurs du nucléaire sont toujours obnubilés par deux passions : prouver que cette énergie n’est pas dangereuse pour les gens ; prouver qu’elle est bonne pour l’environnement.

Aujourd’hui, je ne détaillerai pas les diverses critiques habituelles des détracteurs de cette belle invention : le peu de sécurité des centrales, les réussites de Greenpeace dans leurs diverses tentatives d’intrusion, les risques sismiques, l’eau utilisée pour le refroidissement et qui détériore les rivières en les réchauffant, les conséquences désastreuses en cas d’accident, le fait que d’ailleurs il y a déjà eu plusieurs accidents etc., pour me concentrer sur une seule : le problème des déchets.

Problème déjà dénoncé de manière récurrente, me direz-vous, et sur lequel il n’y a sans doute pas grand-chose à rajouter : oui, le nucléaire produit des déchets ; non, on ne peut jamais les recycler entièrement ; donc oui, on n’a rien trouvé de mieux que de les enterrer alors même qu’ils restent radioactifs et donc dangereux pendant des millénaires.

Sauf qu’il y a une chose, justement, dont les gens ne sont pour la plupart pas conscients : c’est que quand on dit qu’on enterre les déchets, on ne se contente pas de creuser un gros trou très profond, de couler du béton armé sur ses parois et de jeter les déchets nucléaires dedans façon linge sale dans la corbeille dévolue à cet usage. On construit en fait une véritable usine de retraitement souterraine. Cette usine n’est pas autonome : elle nécessite des travailleurs, de l’eau, de l’électricité.

A titre d’exemple, le Centre industriel de stockage géologique, projet français qui doit entrer en service en 2025, est révélateur : bien plus grand que l’installation de la Hague, il comprendra des dizaines de kilomètres de galeries, consommera autant d’eau qu’une ville de 50 000 habitants et sa consommation électrique requerra une puissance de 72 mégawatts. Pendant une centaine d’années après sa création, il faudra à la fois commencer à l’exploiter et continuer à y creuser des galeries en y installant les éléments nécessaires.

Un centre de retraitement des déchets est donc fortement dépendant du monde extérieur et de la société installée sur le même territoire que lui.

Or, il y a quelque chose dont personne ne semble se préoccuper : c’est que toutes les sociétés sont mortelles. Évidemment, les sociétés sont comme les individus qui les composent : elles s’imaginent que ça tombera toujours forcément sur le voisin. Qui, parmi les Romains, avait prévu que leur civilisation disparaîtrait entièrement (et rapidement) sous les coups des barbares ? Les Aztèques et les Incas avaient-ils vu venir leur chute précipitée par les Espagnols ? On s’imagine toujours qu’on trouvera une solution aux problèmes qu’on rencontre, que rien ne viendra les empirer ou en profiter, que demain sera à peu près comme aujourd’hui. Mais il n’en va pas ainsi.

Je pose donc la question : qu’adviendra-t-il de nos usines de traitement des déchets radioactifs – et la question se pose aussi, bien sûr, pour les centrales nucléaires elles-mêmes, ainsi que pour les arsenaux militaires atomiques – dans l’hypothèse où la civilisation qui les contrôle viendrait à s’effondrer ? Je sais bien que cela semble improbable ; mais personne de raisonnable ne dira que c’est impossible ; et dans le cas d’un danger aussi extrême, n’est-il pas du devoir des défenseurs et partisans de la prise de risque de prévoir le pire ?

Prévoyons donc le pire ; si nos sociétés s’écroulent, si le réseau de distribution d’eau courante ou d’électricité cesse de fonctionner, s’il n’y a plus personne pour descendre dans les galeries ou entrer dans les centrales (parce que leurs ouvriers ne seraient plus payés par personne et devraient se préoccuper de leur survie immédiate), que se passe-t-il ? Combien de temps avant la fuite ou l’explosion radioactives ? Même sans attendre la chute finale d’une civilisation, il y a bien des situations plus probables encore qui pourraient entrainer les mêmes conséquences : guerre civile, cyberattaque terroriste et autres. Nous voyons après tout se multiplier les crises : écologique, économique, politique ; qui peut nous garantir que nous y résisterons en fin de compte ? Et si nous n’y résistons pas, que deviendront nos installations nucléaires ?

Cette question, il faut la poser à ceux qui nous disent que le nucléaire est sûr : le reste-t-il si la société cesse, parce qu’elle n’en a plus du tout les moyens, de s’occuper des installations actuelles ?

Quand les Romains n’ont plus eu les moyens de maintenir en état leurs tribunaux ou le réseau de leurs routes, ce fut un rude coup pour l’Europe, mais elle a fini par se redresser. En ira-t-il de même quand nous n’aurons plus les moyens de maintenir en état la centrale de Golfech ou l’usine de la Hague ?

1 commentaire:

  1. je propose une chanson qui va avec : http://www.youtube.com/watch?v=Zk6m5nXjcEY

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