mardi 4 septembre 2012

La rentrée, c'est maintenant : faisons-la en uniforme !

La question de l’uniforme à l’école est un vieux serpent de mer qui ressort la tête de temps en temps, qui fait son petit cinéma ordinaire, crache toujours les mêmes arguments – « en Angleterre ça marche très bien » et « ça rendrait les inégalités sociales moins visibles » contre « en Angleterre ça ne marche pas du tout » et « la liberté de se vêtir prime tout » – puis replonge en voyant qu’en France, décidément, ça ne prend pas.

Je vais donc proposer de le prendre dans l’autre sens, par la queue plutôt que par la tête, en quelque sorte : oui, instaurons l’uniforme dans toutes les écoles, les collèges et les lycées de France ! Mais pas pour les élèves : pour les profs.

Pourquoi ? Parce qu’une des choses dont les enseignants manquent principalement en France, c’est de respect : respect de la part de leurs élèves, des parents d’élèves et plus généralement de la part de la société ; et qu’outre l’argent (comme je l’expliquais récemment ici même), une des choses qui commande le respect, c’est le décorum, la théâtralité, dont le costume est un élément essentiel.

Les professions qui ont de respect un besoin absolument vital l’ont d’ailleurs bien compris en instaurant un uniforme et en ne le quittant pas : les juges, les avocats, les policiers, les militaires portent, et portent fièrement, des uniformes divers. Plus le respect dû est nécessaire, plus le décorum est riche. Le paroxysme est atteint dans les cours de justice, où règne une codification stricte et pointilleuse. Tout y concourt : la posture des uns des autres (parlé-je assis ou debout ?), leur attitude (se lève-t-on quand j’entre ou dois-je me lever quand un autre entre ?), leur altitude (suis-je au-dessus des autres, à leur niveau, au-dessous ?), leur titre (suis-je procureur ou avocat général ?), leur costume (suis-je en rouge, en noir, en civil ?). Tout ce jeu d’acteur, toute cette théâtralité sont destinées à une seule chose : plonger le spectateur inhabituel (public, témoin, prévenu ou accusé) dans une atmosphère cérémonielle, solennelle, un peu pesante, voire dans une certaine peur, afin de s’assurer de son calme, de sa soumission, de son respect. En moindre, la technique des empereurs japonais : stupeur et tremblements.

Les professeurs manquent de respect : qu’ils imposent le décorum qui commande le respect. Bien sûr, il faut faire ça bien. En Angleterre, les enseignants doivent porter un uniforme : costume trois pièces pour les hommes, tailleur et jupe ou pantalon strict pour les femmes. Bonjour l’uniforme ! Ce n’est pas avec ça qu’on arrive à des résultats. Non, le manque de respect est allé trop loin, il faut de la radicalité : il faut la robe noire. Imposez-la, et vous verrez les élèves regarder les enseignants d’un autre œil ; qu’on reçoive les parents en robe noire et assis sur une estrade, ils ne tiendront plus les mêmes discours.

Certains craindront le ridicule ; mais on n’est ridicule que de ce qu’on n’assume pas. Certains diront que les enseignants, comme les avocats, devraient payer leur robe ; mais que sont quelques euros face à des classes impressionnées ?

Évidemment, ça ne se fera pas. Les enseignants français sont bien trop rétifs, dans leur majorité, à tout ce qui fleure l’autorité, la tradition, et bien souvent le décorum, justement, pour accepter une telle mesure. C’est bien regrettable ; mais en demandant à la fois le respect et la possibilité de rencontrer les parents en débardeur ou même en maillot de bain, ils demandent le beurre, l’argent du beurre et la culotte de la crémière.

3 commentaires:

  1. L'idée est intéressante à discuter, et le développement sur le besoin de décorum l'est également par ailleurs, mais en tant qu'enseignant (n'ayant pas de problème avec le respect en cours) je ne suis pas sur que la relation décorum -> uniforme soit forcément avéré.

    Le cérémoniel enseignant passe par des attitudes et des comportements plus que par un code vestimentaire. Je crains que chez mes collègues en difficulté devant une classe une tenue stricte imposée ne contribue qu'à les mettre en position de plus grande fragilité face à leurs élèves, et ne les aide en rien.

    La première urgence serait de redonner aux collègues qui en ressentent le besoin des formations sur la gestion d'espace, le contrôle de la voix, et tout l'outillage nécessaire pour "théâtraliser" son cours, autrement il ne sera question que de costumes visant à cacher le malaise.

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  2. La question de l'uniforme pour les enseignants renvoie à leur apparence vestimentaire. En effet, certains enseignants ont une apparence trop négligée. J'ai travaillé comme assistant administratif dans une école. Un parent d'élève, ayant vu la directrice et ne la connaissant pas, était persuadé qu'elle était une employée de la cantine ! Je crois qu'avant d'instaurer un uniforme, il serait bon que certains enseignants fassent des efforts au niveau vestimentaire. Je ne parle pas de porter des vêtements de luxe aux marques trop apparentes. Mais, sans dépenser des sommes énormes, on peut parfaitement trouver des vêtements convenables sur le Net. Je dis ça parce que je sais que beaucoup d'enseignants redoutent le shopping de peur de rencontrer des parents d'élèves qui vont accaparer leur temps de courses pour leur parler en long, en large et en travers de leurs chères têtes blondes qui sont aussi leurs élèves.

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  3. Oui, je trouve que le respect de l'autre passe par un certain décorum, une sorte de théâtralité et aussi une tenue adaptée à la fonction. Quand j'ai débuté en tant qu'enseignante, je me souviens que ma tenue vestimentaire était évaluée par le conseiller pédagogique. Je me souviens aussi, côté 'élèves' que pour asseoir mon autorité ( je mesure 1m50), je faisais venir l'élève près du bureau pour réciter sa poésie et , à cette période et dans ce lycée , les élèves portant une blouse, j'obligeais l'élève à fermer sa blouse et à ne pas la laisser ouverte d'une façon débraillée. Pourtant, c'était dans les années 70 et j'avais "fait" 68.

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