mercredi 23 octobre 2013

Patrice Évra, Pierre Ménès et le patinage artistique

S’il y a bien un sujet auquel je ne connais rien, mais alors là rien de rien, c’est le foot. Ça ne m’intéresse absolument pas, et pour être honnête, la semaine dernière, j’ignorais jusqu’à l’existence de Patrice Évra. Je connaissais Pierre Ménès de tête, enfin de corps, pour l’avoir vu une ou deux fois au Zapping, mais j’aurais été tout à fait incapable de dire comment il s’appelait. Il m’avait fait l’effet d’un imbécile lourd et vulgaire, mais plutôt inoffensif puisque occupé exclusivement de football, justement – ça me semblait mieux lui aller qu’une carrière politique. J’avais fait le lien avec une marionnette des Guignols assez ressemblante, ma foi – et c’étaient toujours Les Guignols qui faisaient que j’avais une très vague idée de qui était Jean-Michel Larqué. Bref, tout ça, ce n’est ni ma tasse de thé, ni ma spécialité.

En lisant Le Monde, ces derniers temps, j’avais bien cru comprendre qu’une grosse polémique agitait le landerneau sportif (j’avais même fini par comprendre qu’il s’agissait de foot), et qu’un certain Patrice Évra était à couteaux tirés avec des « consultants ». Je n’avais aucune idée de ce que pouvait être un « consultant ». J’ai fini par comprendre qu’il s’agissait d’un genre de commentateur sportif, mais un peu pro, un peu complexe, chargé d’analyser les aspects techniques du match. Je ne comprenais toujours pas pourquoi on appelait ça un « consultant », mais après tout, dans l’Éducation nationale, on ne « répartit » pas les services des enseignants, on les « ventile », alors tout est possible.

En tout cas, cette polémique semblait passablement importante, vu qu’elle était tous les jours dans les premiers articles de la page Web du Monde, et dans les plus partagés. J’ai fini par aller lire cet article, qui m’a semblé intelligent puisqu’il traite tout le monde d’imbécile ; en gros, pour lui, un footballer pas forcément très malin a osé s’en prendre (un peu poussé par un journaleux) à ces fameux consultants, largement aussi cons que lui mais tout-puissants dans les médias. L’article (signé Jérôme Latta, connais pas) n’a lui-même pas de mots assez durs contre nos commentateurs, qu’il qualifie de « représentants […] d’une vision étroite du football, d’un journalisme de déblatérations qui ne sert qu’eux-mêmes ». Et d’en rajouter une couche : « versatilité éhontée, copinage et connivences à peine masquées, déférence envers les forts et virulence avec les faibles, hypertrophie de l’ego, haine démagogique des arbitres […], flemme intellectuelle », et de conclure qu’attaquer le consultanat français est « une mission de salubrité publique ». Le portrait colle tout à fait au peu que j’ai entrevu au Zapping.

Mais vous vous en doutez, ce n’est pas de ça que je voulais vous parler. Puisque apparemment les commentateurs sportifs attaquent (ou contre-attaquent) en rangs serrés, c’est l’occasion rêvée de mener une bataille qui me tient à cœur depuis longtemps, celle du patinage artistique.

J’adore le patinage artistique. Je trouve ça sublime, et surtout je trouve ça bien nommé : je crois qu’il s’agit en effet d’un art véritable, un art du spectacle comme le cirque, l’opéra ou le ballet. C’est une des formes de la danse, en réalité, si on y réfléchit ; et qui songerait à nier à la danse le statut d’art ?

Or, il y a une chose qui me met hors de moi, qui me donne des envies de meurtre, vraiment, ce sont les commentateurs dudit patinage. Ils gâchent tout, ruinent tout, ce sont les éléphants du magasin de porcelaine, les orcs de Saruman piétinant furieusement la délicate Comté des joyeux Hobbits. On n’entend plus qu’eux, ils sont là avec leurs criailleries, leurs critiques, leurs éloges, leurs comparaisons, leurs petits désaccords, leurs évaluations, leurs pesées, leurs mesures, leurs comptes d’apothicaires. A-t-il fait un tour, deux tours, trois tours ? Les bras étaient-ils bien droits ? Ou avez-vous mis le fil à plomb, nom de Dieu, qu’on y voie un peu plus clair ? On ne peut même pas couper le son, bien sûr, puisque la musique est une composante essentielle de cet art qu’est le patinage. On est condamné à souffrir, à ronger son frein en silence, à pester impuissamment.

Eh bien je le dis : c’est peut-être comme ça qu’on traite un sport, mais ce n’est pas comme ça qu’on traite un art. Imagine-t-on des critiques de cinéma s’asseoir à côté de vous pendant le film et vous faire à haute voix leurs commentaires au fur et à mesure ? Imagine-t-on des critiques musicaux commenter en direct une représentation de Parsifal au Metropolitan de New York ? Ils seraient morts avant l’entracte (pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un peu comme la mi-temps).

Donc par pitié, agissons. Écrivons aux chaînes de télé, aux patineurs, au CSA, au Sénat, au lobby LGBT, je ne sais pas moi, mais faisons quelque chose. Écrivons même aux commentateurs ! Qui sait ? Peut-être un éclair de lucidité leur fera-t-il prendre conscience de toute l’horreur de leur pratique. Je ne veux pas les mettre au chômage, hein ! Les laisser commenter, mais après. Ou alors, leur mettre de l’arsenic dans leur potage. C’est au choix.

2 commentaires:

  1. aaaaah ! dans mes bras (virtuels !) !
    bon, j'avoue, j'aime bien le foot - enfin, j'aimais bien et j'aime de moins en moins, moi j'aimais le foot de Platini, Rocheteau et Bats. Bref.
    mais j'aime beaucoup beaucoup le patinage artistique, dont j'impose la vision à mon cher et tendre à la moindre occasion (et elles sont rares à la télé quand on n'a pas Eurosport...), et j'ai des envies de meurtre sur les commentateurs - faut dire que les commentateurs de France télé, hein, on est particulièrement pas gâtés. Comme je suis vieille, j'ai connu le patinage commenté par Roger Zabel et Léon Zitrone, si, si, j'vous jure que ça a existé, et ben c'était autre chose, et d'abord parce qu'ils se taisaient de temps en temps :D
    j'en arrive à attendre les vidéos sur le net issues de chaînes étrangères - russes ou japonaises, généralement - où les programmes des patineurs sont globalement respectés.
    je suis allée au trophée Bompard l'an passé, j'ai réussi à faire taire mes voisins de derrière en leur disant que je serais ravie d'entendre leur expertise - ils s'y connaissaient manifestement plus que moi - une fois le programme terminé, pas pendant. ça a marché, à ma grande surprise.
    mais pour la télé, je crois qu'on n'a aucune chance. snif.

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  2. Bon, les bras de Vero sont sans doute plus sympas que les miens, mais comme ils sont virtuels, je peux aussi t'y serrer tu risques pas grand chose! Je passe donc sur le foot - encore que, à les entendre pleurer au sujet de la taxation des gros salaires (les "pôvres") ça me donne envie de... - mais alors là, sur le patinage artistique à la télé française, j'adhère ! Peut-être une pétition sur Avaaz... Car, entre nous soit dit, ils nous resservent les mêmes commentaires sur les ralentis qui suivent, pour meubler le temps de délibération des juges...
    J-C Hervé

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