lundi 7 mai 2012

Que faut-il attendre de Hollande ?


Ça y est, c’est fait, il a gagné. Pas de beaucoup, comme prévu. Le Français reste assez fondamentalement un animal politique bien ancré à droite. Il n’a pas vraiment voté pour Hollande, il a plutôt voté contre Sarkozy, qui était en plus dans une équation probablement impossible entre son centre et sa droite. Que, dans une situation aussi difficile pour son camp, et alors même que les Français étaient exaspérés par son style, Sarkozy soit passé si près de la victoire, est extrêmement révélateur du positionnement politique de notre pays, et ce n’est pas réjouissant.

Pas de triomphalisme, donc. Globalement, le pays reste sur des positions de droite. Il a bien intégré la leçon qu’on lui fait répéter comme un perroquet depuis des décennies : le capitalisme libéral et l’impossibilité d’en sortir, la nécessité d’être compétitif dans la mondialisation etc. S’il est certain que les législatives sont gagnées pour la gauche (dans quelle mesure étant la seule inconnue qui reste), on verra probablement le retour du FN à l’Assemblée, et sans le soutien de la proportionnelle. Là encore, il y a quelque chose de très inquiétant.

Sans qu’on retrouve ni la liesse, ni la peur (selon le camp) de 1981, beaucoup de gens s’imaginent que François Hollande va changer la face de la France. Évidemment, il n’en sera rien, puisque le système est cassé et qu’il n’a ni la volonté ni les moyens d’en sortir. Il n’y a qu’à voir ce qu’a donné Obama aux États-Unis pour s’en convaincre : une fois encore, l’alternance tuera un peu plus l’espoir qui l’avait pourtant fait naître.

Cela dit, il ne faut pas complètement désespérer. Hollande ne pourra rien faire sur l’économie, terrain pour lequel il ne dispose d’aucune marge de manœuvre. C’est sur ce point avant tout que le système est cassé : rajouter de l’essence dans un moteur brûlé ne le fera pas redémarrer.

En revanche, il peut tenir une partie de ses promesses, à savoir celles qui ne lui coûteront rien. Les réformes de société sont de cet ordre : le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, l’euthanasie, par exemple. Hollande ferait bien, là-dessus, de s’en tenir à ce qu’il a dit, et sans trop différer. Non seulement parce qu’on ne lui pardonnera pas de ne pas tenir des promesses gratuites ; mais aussi parce que c’est bien la seule manière possible pour lui d’entrer dans l’Histoire.

Que retient-on de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing ? Principalement les réformes de société : la dépénalisation de l’IVG et l’abaissement de l’âge de la majorité à 18 ans. Que retient-on de Mitterrand ? Les nationalisations d’entreprises et la hausse du SMIC, certes ; mais sans doute pas autant que l’abolition de la peine de mort.

C’est d’ailleurs pour cela que le quinquennat de Sarkozy tombera assez vite dans l’oubli. On se souviendra de son style et de la manière dont il aura profondément divisé la société française ; mais il n’a fait que des réformes économiques, qui échoueront ou seront abrogées. Sur les évolutions sociales, donc sur ce qui aurait pu rester, il a fait preuve de frilosité et même de peur. Il apparaîtra donc comme une parenthèse, une vaine tentative de freiner des évolutions aussi positives qu’inéluctables.

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